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dimanche 25 novembre 2012

HAITI: LES TROIS PILIERS DU DEVELOPPEMENT NATIONAL, LE DEAL ENTRE HAITIENS ?



HAITI: LES TROIS PILIERS DU DEVELOPPEMENT NATIONAL, LE DEAL ENTRE HAITIENS ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
25 NOVEMBRE 2012

Après le passage de Sandy qui a ravagé la cote Nord-est des USA, les américains ont décidé, le Mardi 6 Novembre 2012, de donner un second mandat à Obama. La bataille s’annonçait rude et très serrée. Au final, OBama l’a emportée haut la main avec 332 /538 de  votes des Grands électeurs et 50.51% de votes populaires contre 47.85% à Romney. Le peuple américain a fait son choix sans ambigüité. Le monde entier a semblé soulager.

En Haïti, après les dégâts de Sandy (750 M USD) et l’inondation dans le Nord du Pays qui a fait une quinzaine de morts au Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, je nous croyais prêts pour « un complot positif » pour le « Haïtian Dream », (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/10/haiti-apres-sandy-le-complot-pour-le_31.html). Comme je l’avais écrit, « Nous sommes trop petits pour voir aussi grand ». Pour être plus positif,  voyons quelques éléments d’actualité avant de remonter le temps pour voir les réponses données à ces genres de situation et les résultats obtenus, interrogeons-nous sur la situation actuelle, et essayons de proposer quelques solutions.

Le voyage du Président Martelly en Europe et le Premier Ministre aux Caraïbes
Au cours de ce mois de novembre 2012, le Président Martelly a visité officiellement l’Espagne dans le cadre du Sommet Ibéro-Américain où Haïti est unanimement admise comme membre observateur, a été au Parlement Européen à Strasbourg (France), a été reçu, en Italie, avec Femme et enfants, par le Pape Benoit XVI au Vatican, et en a profité pour avoir des discussions avec les agences de Rome, en particulier la FAO. D’où cet extrait : « La FAO et le gouvernement de Haïti espèrent obtenir, au cours des 12 prochains mois, 74 millions de dollars pour la réhabilitation du secteur agricole à la suite de l'ouragan Sandy, de la tempête tropicale Isaac et de la sécheresse qui a sévi plus tôt cette année. Ensemble, ces trois phénomènes climatiques extrêmes ont causé des dommages colossaux à l'agriculture et à la pêche. Depuis le mois d'octobre, deux millions de Haïtiens souffrent d'insécurité alimentaire et de malnutrition ».

Entre temps, l’insécurité de type banditisme semble reprendre du poil de la bête ; le Premier Ministre Lamothe a été à St Thomas, en particulier à l’Université du même nom, là où il a fait sa maitrise, pour parler d’Haïti ; le 18 Novembre 2012 n’a pas été commémoré comme par le passé à cause de l’absence au pays des  deux principales autorités , de plus le monument des Héros de Vertières a été « profané en rose et blanc » ; la sélection haïtienne est qualifiée pour la phase finale de la Coupe de la Caraïbe, une bonne chose dans cette grisaillerie haïtienne du mois de novembre (temps maussade comme la population, on dirait que la nature est triste pour nous) ; les manifestions estudiantines de rues suite à l’assassinat de l’un d’entre eux ; la tentative de certains Députés de présurer le Premier Ministre pour une affaire de 10 M HTG/député qui seraient distribuées à des députés progouvernementaux (?) ; l’état d’urgence d’un(1) mois décrété par le Gouvernement Lamothe en réponse à Sandy pour l’application d’un programme de réponse post-Sandy, etc. Après le passage de Jeanne en 2004 et les 4 cyclones de 2008, aux réponses gouvernementales, quelles autres réponses Haïti a connues et avec quels résultats ?

L’opération Bagdad/le Kidnapping érigé en mode opératoire quotidien
En tout cas, en 2004, en réponse au ravage de Jeanne aux Gonaïves, alors que le Gouvernement de transition de Latortue se battait pour donner une réponse à la mesure du défi environnemental gonaïvien, on a eu « la fameuse opération Bagdad » qui a érigé en mode opératoire quotidien le kidnapping qui jusqu’ici était quelque chose de sporadique. Que de dégâts, que de ravage psychologique, que de larmes nous a coûtés et nous coûte encore le kidnapping ! Heureusement, le Président Préval, après les quatre cyclones de 2008, a continué, sous le gouvernement de Mme Pierre-Louis, même avec quelques modifications, la politique d’Alexandre-Latortue vis-à-vis des Gonaïves (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/06/haiti-gonaives-des-solutions-la-mesure.html). Actuellement, avec l’agrandissement de la rivière La Quinte dont la capacité est passée à plus de 1000 m3 /s, la reconstruction des ponts  au niveau de Pont Gaudin et de Mapou et les interventions même partielles au niveau du bassin versant (70,000 ha) dans le cadre de plusieurs programmes dont le Programme PIA-Ennery-Quinte financé par la BID, la problématique gonaïvienne est en voie de solution. Il reste certes beaucoup à faire. Si les efforts sont maintenus et intensifiés, on finira par solutionner définitivement le problème gonaïvien, toujours dans le cadre de ce mariage savant de la gestion de l’urgence et du développement.

Manifestations estudiantines, l’autre opération (?) et/ou Etat d’urgence environnementale (?)
En 2012, alors que le Gouvernement de Lamothe se bat pour trouver des fonds pour la mise en œuvre du programme post Sandy,  la réponse à Sandy, en dehors du gouvernement, semble s’acheminer vers des manifestations estudiantines de rues sous prétexte de réclamer justice pour leur camarade tué par un policier déjà mis aux arrêts par le Gouvernement avec promesse de le juger. Alors que veulent réellement les étudiants ? Sont-ils conscients de la situation actuelle de leur pays en matière environnementale ? Et Sur quelle opération, cette fois-ci, cela va-t-il déboucher, si on analyse au second degré les prises de position de certains parlementaires et de la plupart de nos politiciens ? En tout cas, pas sur ce « complot positif » tant rêvé par le grand naïf que je suis, pas sur « cette déclaration d’Etat d’urgence environnementale » discutée lors de la dernière réunion mensuelle de la FONHDILAC (11/11/2012) et débattue à l’émission  de « Mélodie and Company » du mardi 13/11/2012 entre 5.30-7h PM, animée par Bernard Ethéart sur Mélodie FM! Sommes-nous vraiment trop petits pour oser envisager nous-mêmes la manière de sauver notre pays ?

La réponse gouvernementale et le ministère de l’agriculture
Haïti essaie de se relever difficilement. L’Etat, par l’intermédiaire du Premier Ministre Lamothe, a estimé à 750 M USD les dommages causés par l’Ouragan Sandy. Par rapport à la sécheresse et au passage d’Isaac et de Sandy, les pertes au niveau du secteur agricole sont estimés à environ 400 M USD par le secrétaire d’Etat Dorcin  lors du dernier conseil de gouvernement (14 Novembre 2012). Le Gouvernement a déclaré l’Etat d’urgence pour un mois et mis sur pied un programme autour de trois ministères, le ministère de l’Environnement (MDE), le ministère des Travaux Publics, transports et Communication (MTPTC) et le ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR). Le MARNDR a présenté  un programme de réponse post Sandy de 4 Mrds de HTG dont le financement n’est que partiellement assuré, la communauté internationale tarde à répondre au « flash appeal » lancé par la FAO et le MARNDR. Ce programme d’urgence post-Sandy est imbriqué dans un programme triennal plus large de relance agricole de 62 Mrds de HTG (2012-2015). Sera-ce une fois de plus un mariage savant de l’urgence et du développement comme aux Gonaïves ? En tout cas, la solution actuelle au problème du pays haïtien passe par trois piliers fondamentaux.

Les piliers Fondamentaux du développent national
En Haïti, tout est prioritaire à cause de la vulnérabilité, de la pauvreté et de l’extrême pauvreté du pays, la santé, l’éducation, l’infrastructure, l’économie, etc. Les trois piliers prioritaires pour amorcer le développement d’Haïti demeurent,  à mon avis, la sécurité, l’environnement et la population. Analysons la situation eu égard à ces piliers.

(i)                 La Sécurité
Après 1986, le phénomène d’insécurité a pris de l’ampleur. Du banditisme d’Etat, l’insécurité est passée aux mains des groupes organisés et armés, des réseaux de malfaiteurs. Ce qui a favorisé l’évolution du phénomène  d’insécurité du simple banditisme en kidnapping bien sophistiqué, et tous autres phénomènes désagréables et connexes confrontés par le pays haïtien actuellement. A partir de 2004, le phénomène va s’aggraver avec « l’opération Bagdad » jusqu’à devenir un phénomène de société. Depuis, l’insécurité se conjugue au quotidien, fait beaucoup de dégâts au pays et à la société haïtienne et ralentit les investissements en Haïti. Le développement d’Haïti passe par la mise en place d’un système de sécurité performant. Ce système de sécurité doit prendre en compte l’ensemble des aspects de la sécurité et se baser sur des politiques publiques permettant le contrôle des moindres parcelles du territoire national. Il faudrait un consensus national sur cette question, un « complot positif » contre l’insécurité sous toutes ses formes y incluse l’insécurité environnementale.

(ii)               L’environnement
L’ensemble des bassins versants méritent d’être réhabilités. La vulnérabilité environnementale est à la base des inondations fréquentes qui font des ravages au pays à la moindre averse. Avec moins de 2% de couverture forestière primaire en particulier au niveau des châteaux d’eau et plus de 25% de couverture végétale plus qu’au niveau des plaines qu’au niveau des mornes, Haïti est dans une situation très critique du point de vue environnemental. La position d’Haïti sur la route des cyclones et sur des failles techtoniques nécessite des politiques publiques environnementales y afférentes et susceptibles de favoriser une amélioration de la situation environnementale du pays dans les trois (3) à cinq (5) prochaines années et au delà. La réhabilitation de l’environnement haïtien doit se faire dans le cadre d’une « déclaration d’état d’urgence environnementale » à prendre  par le gouvernement Martelly-Lamothe avec l’appui inconditionnel de l’ensemble des forces vives de la nation haïtienne. Il faudra viser haut : la récupération de 25% de la couverture végétale du pays durant les 25 prochaines années, et ce dans le cadre d’une politique de population bien pensée et appliquée de manière rigoureuse.

(iii)             La population
Avec plus de 10 M d’individus actuellement sur nos 27750 km2 en 2012, il nous faudra deux choses (i) une révolution des taux de croissance économique autour de 10%/an et plus (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html) , et (ii) une réduction du taux de croissance de la population autour de 1%/an et moins, durant les 25 prochaines années. Ce qui nous conduira à une augmentation de 25% de la population pour 250% d’augmentation de croissance économique, une réduction drastique de la pauvreté extrême et de la pauvreté tout court, et une marche ascensionnelle et irréversible vers le développement intégral de notre pays.

En conclusion : Ainsi, avec un plan de développement très sérieux axé sur l’humain, le social/culturel, l’environnemental, l’économique/financier et la politique/gouvernance (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html), on a de fortes chances d’atteindre un niveau de développement équivalent à celui  d’un pays émergent, même sur une période plus longue. Pour cela, il nous faudra contrôler notre sécurité, notre environnement et notre population, et marier savamment urgence et développement. Pour un gouvernement haïtien dans le cadre d’un mandat de 5 ans, c’est difficile sinon impossible. Pour l’Etat et la nation haïtienne unis autour d’un rêve de grandeur (tous ensemble sans exclusive sur une période de 25 à 50 ans avec des gouvernements successifs appliquant le même plan par tranche de 5 ans), c’est un jeu d’enfant. Et c’est là que ça se complique. N’ai-je pas raison ? Commençons par nous mettre d’accord sur les 3 piliers fondamentaux du développement national. Pour le reste, on verra plus tard. N’est-ce pas un bon deal entre nous ?

mercredi 31 octobre 2012

HAITI: APRES SANDY, LE “COMPLOT” POUR LE « HAITIAN DREAM » ?



HAITI: APRES SANDY, LE “COMPLOT” POUR LE « HAITIAN DREAM » ?
Texte remanié, revu, corrigé et augmenté
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
31 OCTOBRE 2012

Le titre de mon article pour ce mois d’octobre 2012 est une combinaison de mots empruntés à trois (3) personnages importants qui se sont signalés au cours de ce mois d'Octobre. En effet, (i) l’Ouragan Sandy a ravagé Haïti les 25 et 26 octobre 2012, laissant, après son passage, 54 morts, 20 disparus (Réf. MICT), et des dégâts matériels beaucoup plus importants que la tempête ISAAC (aout 2012) ; (ii)le Ministre de l’Education Nationale, M. PIERRE, après une séance de travail avec le Parlement, a parlé de « complot pour l’éducation »,  et (iii) Mme Clinton a insisté sur le thème «  Haitian dream » dans son discours à l’inauguration du Parc Industriel de Caracol au Nord d’Haïti (22/10/12), « le plus grand Parc Industriel de la Caraïbe » lorsqu’il sera achevé.

Après toutes les agitations politiques et sociales du mois d’octobre 2012, les manifestions contre la vie chère et contre Martelly, la rencontre des forces politiques de l’opposition le 17 octobre 2012 au Cap-Haïtien, en essence contre la présidence de Martelly, puisque ces forces politiques seraient prêtes à « suivre le peuple », leur leader, si ce dernier continue à réclamer la tête du Président ou de n'importe quel Président élu et en fonction contrairement à la Constitution (Ref. Haiti En Marche de cette semaine)http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html, la participation du président au 14e Sommet de la Francophonie organisé à Kinshasa du 12 au 14 octobre 2012, au Congo, en Afrique, l’arrestation de Cliford BRANDT comme chef d’un puissant réseau de kidnapping, etc., et, comme nous avons cette fâcheuse tendance à nous mettre ensemble contre quelque chose ou quelqu’un, http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/09/haiti-cherte-de-la-vie-quelles-solutions.html, je me suis dit pourquoi pas un complot pour le rêve haïtien après le passage de Sandy ?

« The Haitian Dream » ?
Y-a-t-il un rêve haïtien ? Oui. C’est un rêve légué par nos ancêtres, en particulier, l’Empereur Jean Jacques Dessalines (assassiné le 17 Octobre 1806), qui voulait faire de ce coin de terre un refuge pour tous les opprimés de la terre. Tous avaient allié la parole aux actes en aidant les autres. Par la suite,  des grands hommes avec de grandes idées ont tenté et réalisé de grandes choses, http://jrjean-noel.blogspot.com/2008/04/larticulation-technique-et-politique-ou.html. Plus près de nous, après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, nous avons dégagé une certaine vision d’Haïti, celle d’un « pays émergent à l’horizon 2030 », http://jrjean-noel.blogspot.com/2010/03/haiti-apres-le-seisme-la-conference-de.html. Certes, on peut dire que ce n’est pas réaliste, que c’était l’affaire du Pdt. Préval, du PM Bellerive. C’est une belle vision dans laquelle se retrouverait la majorité des haïtiens . Il faudrait la réaliser sur une période plus longue tout simplement.  Le secteur Privé a eu un plan. La diaspora en a eu deux, le PSSN et le GRAHN. La FONHDILAC aussi a sorti un plaidoyer et un plan d’orientation avec une vision très claire de refaire de notre pays, « La Perle des Antilles, l’exception culturelle de la Caraïbes », à partir d'un "système visant un citoyen responsabilisé dans une société économiquement riche, socialement équitable et politiquement responsable". Nous avons donc assez de matériaux pour une grande concertation nationale comme le réclame depuis des lustres, notre cher ami, Tunep DELPE. De Préval à Martelly, on n’a pas senti ce souci de nous mettre ensemble pour asseoir cette vision haïtienne, ce rêve haïtien, d’autant que nous faisons face de manière périodique à ces valses de cyclones qui effacent en un clin d'oeil des efforts de toute une année de travail, modeste contribution à la réalisation de ce rêve lointain. C'est ce qui, jusqu'ici, a poussé peut-être nos dirigeants, de manière consciente ou inconsciente, à se concentrer de préférence sur les urgences (avec en prime des bénéfices politiques immédiats) au détriment du développement donc  d'un quelconque rêve haïtien lointain.  

Sandy, dégâts autour de 10% du PIB ?
Sandy a tout ravagé sur son passage. Les premières évaluations pour le secteur agricole sont terribles. A titre d’exemple, la zone goâvienne au niveau des périmètres irrigués est ravagée à 80% (bananeraies), les infrastructures d’irrigation sont endommagées et sédimentées, les pertes en bétails sont considérables (104 M USD). Pour les autres secteurs c’est la même chose. Les routes, les ponts, les maisons d’habitation dans l’Ouest, le Sud-Est, les Nippes, le Sud et la Grande Anse sont endommagés, emportés ou embourbés. Une amie qui a survolé ces départements en hélicoptère n’a vu que la désolation. Un collègue qui a survolé la Plaine du Cul de Sac a fait le même constat. Ce ne serait pas étonnant que les coûts des dégâts globaux avoisineraient les 700 M USD(?) (750 M USD, a confirmé le Premier Ministre), si on se réfèrait aux estimations faites pour Gonaïves au passage de Jeanne, entre 800 M. USD et 1 Mrd. USD. De plus, c’est la recrudescence du choléra et l’augmentation du nombre de morts (Et ça n’a pas de prix). Avec ces milliers de tonnes d’eau déversées par Sandy, c’était prévisible.

Réduire la vulnérabilité physique du pays par la HIMO
Des Sandy, on en aura encore et encore, Haïti étant sur la route des cyclones. Le niveau de vulnérabilité d’Haïti, c’est cela notre problème. Il est bien identifié et bien cerné. En 25 ans, avec une récupération vigoureuse de 1%/l'an (27,750 ha) de notre couverture végétale, on aura récupéré 25% (693,750 ha) comme l’a proposé la FONHDILAC dans son document d’orientation. Dans le programme Martelly, il a été prévu de récupérer 5% en 5 ans, soit un total de 138,750 ha. Où est-ce qu’on en est ? Il n’existe pas, à ma connaissance, d’information à ce sujet. Le ministère de l’Agriculture a prévu dans le plan national d’investissement agricole (PNIA 2010-2016) $US 2500/ha pour le traitement des bassins versants. Dans le cadre des travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO), on peut récupérer des terres  pour ameliorer la couverture végétale; mais, pour cela,  il faut faire de la HIMO et non du WOY-WOY comme on a l’habitude de le faire au niveau de l’Etat : ministère de l’agriculture, ministère des TPTC, ministère de l’Environnement. Le Manuel du ministère de l’Agriculture adopté par le MTPTC et ABA GRANGOU montre clairement comment on fait de bons travaux HIMO. Mais les habitudes ont la dent dure. Et nous n’avons pas le courage d’en changer. Certes, on faisait la HIMO en payant par jour, et les gens travaillaient. Maintenant, il faut passer des contrats payables sur base d’extrants (à la tache), car les gens ne veulent plus travailler quand on les paie par jour. Qu’est-ce qui nous empêche de généraliser cette méthode? La HIMO est un mode d’exécution noble, il ne faut pas continuer à la dénaturer au point de la faire considérée comme une mauvaise approche. Il est à noter que, dans le monde, pour exécuter les travaux, il n’y a que deux grandes approches : La HIMO et la HIEQ (Haute intensité d’équipements). Or ce dont on dispose en abondance ici en Haïti, c’est la main d’œuvre. Donc, il nous faudra bien utiliser notre main d’œuvre et donc la HIMO (entre autres) pour développer notre pays, en commençant par réduire sa vulnérabilité physique. Et cessons le gaspillage dans des woy-woy sans lendemain visant uniquement à favoriser l’appétit féroce de certains groupuscules qui utilisent « la pression des armes, la pression politique » pour faire de l’argent facile.

Que faire ?
Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, au lieu de nous mettre ensemble pour penser Haïti, nous avons préféré faire bandes à part. Le pouvoir d’alors s’est recroquevillé sur lui-même en gérant la situation comme une affaire privée, en n’exploitant pas à fond le momentum de solidarité qui se manifestait. Quant à l’opposition, après une trêve, elle s’est manifestée contre la gestion du pouvoir de la catastrophe. Et la mauvaise organisation des élections de novembre 2010 allait aiguiser les antagonismes entre le pouvoir et l’opposition jusqu’à l’arrivée au pouvoir de M. Martelly. Maintenant, avec les ravages de Sandy, a-t-on une chance de nous asseoir ensemble « pour panser et penser Haïti » ?  Les plaies béantes de notre pays méritent notre attention. Va-t-on continuer à nous battre politiquement pour les transformer en cancer sans aucune chance de récupération ? Comme nous n’aimons pas les mots tels que : consensus, grande concertation nationale, conférence nationale, alors, faisons tous ensemble (pouvoir/opposition) et avec l’appui de nos amis de la communauté internationale, « un complot » contre la vulnérabilité de notre pays, contre le chômage, contre la pauvreté, contre la division qui nous ronge, contre la corruption qui nous gangrène, contre la façon dont nous gérons jusqu’ici notre espace de vie, nos 10 M d’habitants, nos groupes sociaux, culturels et politiques, nos maigres infrastructures, notre chétive économie et notre capital politique dilapidé tout au long de notre existence de peuple , enfin contre le sous-développement de notre pays. Ainsi, nous arriverons à coup sûr à matérialiser le « Haitian Dream », la vision d’une«Haïti émergente à l’horizon 2060 » redevenue par la finalité de ce « complot »  « La Perle des Antilles, l’Exception Culturelle de la Caraïbe ».

Et notre génération de nains aura mérité de la Patrie de Jean Jacques Dessalines, le Grand, l’enfant terrible de l’histoire universelle qui a su, par sa seule volonté, ouvrir des brèches fatales dans l’édifice esclavagiste mondial, en créant cet Etat Nègre ouvertement anti-esclavagiste !!! C’est énorme ! Quelle est, pour nous autres de la génération actuelle, la signification d’un tel exploit? Rien. Nous sommes trop petits pour voir aussi grand. Après la lecture de cet article, si vous, politiciens haïtiens et aussi toi-même, vous ne vous sentez pas interpellés par rapport à la réalisation de ce « Complot positif», pour répéter un officiel à qui j’avais parlé de mon intention d’élaborer cet article, il est compréhensif que l’on soit le bon dernier en tout avec votre complicité agissante et votre appartenance plus qu’à votre clan qu’à notre chère Haïti! En tout cas, même si vous vous complaisez  dans votre zone de confort (clan), faites un geste de grandeur, en partageant ce texte avec vos amis. Et ainsi de suite, on contribuera, après Sandy, à la réalisation de ce « Complot » contre les maux d’Haïti, et… pour le « Haitian Dream ».

mercredi 30 septembre 2020

COVID-19 HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (7), L’ENTROPIE POLITIQUE, L’INSECURITE, UNE GOURDE FORTE ET LA PEUR.

 

COVID-19 HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES CHEMINS (7), L’ENTROPIE POLITIQUE, L’INSECURITE, UNE GOURDE FORTE ET LA PEUR.

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

30 SEPTEMBRE 2020

REVU LE 1ER OCTOBRE 2020

J’ai terminé ma chronique du mois d’Aout 2020, en suggérant au pays de choisir le chemin du dialogue, par l’amélioration de la proposition de Gabriel Fortuné[1]. Je reste persuadé que la crise haïtienne ne pourra se résoudre que par une grande entente inter haïtienne inclusive. Une fois, sur un sujet controversé qui a occupé l’actualité durant un mois, j’avais suggéré une négociation entre nous. Un ami est entré dans une colère noire et m’a répondu : « négociation entre qui et qui ?». Je me gardais de répondre, car, pour moi, la réponse était évidente : entre nous.

Il est clair que l'haïtien est trop manichéen pour discuter de quoi que ce soit, surtout en matière politique. Depuis 1806, le pays est en crise. Le résultat est ce qu’il est aujourd’hui, le seul PMA de l’hémisphère occidental. Tous ses indicateurs sont au rouge, parce que nous nous battons pour nos clans respectifs et jamais pour Haïti. Les mots clés de notre histoire de peuple sont révolution, guerre civile, révolte, division, polarisation, radicalisation. Nous nous mettons d’accord uniquement contre quelque chose ou contre quelqu’un, au point qu’il m’était venu à l’idée de proposer un « complot positif pour Haïti[2] » dans deux chroniques différentes[3]après des événements pouvant nous rallier autour de la situation de notre pays.

Comme pour le tremblement de terre de 2010, même le coronavirus ne nous a pas permis de nous mettre d’accord sur une stratégie commune, sur une entente entre nous pour Haïti. Nous avons cette fâcheuse habitude de ramener tout au plan politique et de tout mesurer à l’aune de la politique politicienne. Heureusement, pour une raison ou une autre, d’ailleurs inexplicable scientifiquement, cette pandémie mondiale ne nous a pas trop affectés. Depuis le cas no 1 du 19 mars  jusqu’à ce constat  de 0 cas enregistré ce  27 septembre 2020,  Haïti a enregistré au total: 8,740 cas confirmés, 227 morts, 6,757 cas récupérés. Le monde[4] a enregistré  au 29 septembre 2020,  33, 469,217 cas confirmés, 1, 003,791 morts et 23, 151,154 cas récupérés. Et les USA sont toujours en tête, ce qui en fait un thème de campagne, favorisant une avance significative de Joe Biden (48%) par rapport à Donald Trump (41%), selon un sondage national de New York Times, et permettant à Biden de dominer le premier débat télévisé du 29 septembre 2020 face à Trump, 60% et 28%, selon un sondage à chaud de la chaine américaine CNN. Dépendant des résultats de la présidentielle américaine, le 3 novembre 2020, les lignes vont bouger sur l’échiquier politique haïtien et auront un impact certain sur notre situation de peuple.

En ce mois de septembre 2020, notre situation de peuple est encore plus alarmante qu’avant, surtout en pleine entropie politique où le langage de division, des menaces de chambardement, de violence et de haine prédomine. En plus d’avoir faim, nous avons peur, une peur panique liée à des assassinats spectaculaires[5] découlant de la polarisation encore plus marquée des acteurs politiques, de l’insécurité globale et de leurs effets socioéconomiques sur notre pays avec une gourde de plus en plus forte. Durant ce mois de septembre 2020, en plus de l’appréciation continue de la gourde par rapport au dollar, trois événements majeurs ont focalisé tous les esprits :

(i)         L’assassinat spectaculaire de Me Dorval le 28 Aout 2020 a occupé l’actualité. Les parents  du défunt ont dû, vu la tendance à  la récupération politique de cette mort violente, organiser des funérailles intimes du Docteur en droit, Monferrier Dorval, Bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince. Ses pairs, ses étudiants en droit et ses amis ont dû se contenter de manifestations de rue et de prises de parole  dans les médias, et lors de la messe de requiem à l’Eglise Saint de Pierre de Pétionville, dont l’oraison funèbre de Me Gousse[6], l’homélie de Mgr Dumas, etc.;

 

(ii)        Les actions spectaculaires de Fantom 509, un groupe de bandits issus de la Police Nationale d’Haïti (PNH), qui avait déjà fait parler la poudre, en brulant le cabinet de Me Madistin lors des débats sur la nécessité ou non de créer un syndicat au sein de la PNH, en brulant les stands de Carnaval au Champs de Mars, et an attaquant Radio Caraïbes et le quartier Général de l’Armée d’Haïti ; ils ont remis cela la 2e semaine du mois de septembre 2020, en brulant environ une trentaine de véhicules immatriculés Service de l’Etat (SE), des bureaux  de l’Etat, Office National d’Identification (ONI) et  du Fonds d’Assistances Economiques et Sociales (FAES) qui a perdu une dizaine de véhicules à l’état neuf, tout simplement pour exiger la libération de leurs frères d’armes, dont les 4 policiers du corps (UDMO), accusés de négligence dans la surveillance de la maison de Me Dorval vandalisée et souillée, et Pascal Alexandre, un policier, membre du syndicat, suspecté d’avoir participé à certains actes de banditisme. En tout cas, Fantom 509 a eu gain de cause. Les policiers en question sont libérés et Pascal Alexandre a été accueilli comme un héros par une frange de la population métropolitaine en liesse et par quelques membres toujours encagoulés de Fantom 509.

 

(iii)       La publication d’un arrêté présidentiel de nomination[7] controversée[8] et l’investiture, au Palais National et sans l’aval de la Cour des Cassations, d’un Conseil Electoral Provisoire (CEP) de 9 membres issus d’organisations non prévues par la Constitution pour la plupart, et suscitant beaucoup de réactions négatives au sein de la société haïtienne, dont celle de Me Madistin qui y voit la mise en place d’un « Etat voyou et délinquant[9]», et celle de Me Gousse qui qualifie l’arrêté,  dont la mission est d’organiser un référendum pour la mise en place d’une nouvelle constitution et d’organiser les élections, « d’illégal et d’inconstitutionnel», sans évoquer les positions les plus tranchées de l’ensemble des acteurs de l’opposition politique, de la Société civile organisée, et celle du parti PHTK par la voix de son représentant, Liné Baltazar, qui recommande la recherche préalable d’un consensus ; il a rappelé les actes législatifs en relation avec les élections pris par le président Martelly et qui ont été retirés jusqu’à l’obtention d’un minimum de consensus en vue des élections de 2015.


La monnaie américaine en chute libre et la gourde en hausse 

Il faut signaler qu’à côté de ces faits saillants qui ont défrayé la chronique, la dégringolade du dollar par rapport à la gourde en est un fait marquant. C’est la chute libre de la monnaie américaine. Le graphe de Pierre Montès, PHD en génie de son état, est très parlant. D’Août 2018, tout de suite après les émeutes des 6,7 et 8 Juillets 2018, à Août 2020, la gourde qui s’échangeait à environ 68 G pour 1 USD a monté la rampe jusqu’à atteindre officiellement 122 G pour 1 USD et plus de 125 G pour 1 USD sur le marché parallèle. Cette même gourde a provoqué une chute brutale du dollar en un peu plus d’un mois pour passer de 122 G à environ 70 G pour 1 USD.

Cette chute spectaculaire a fait beaucoup plus d’heureux dans un camp que dans l’autre. Les employés du secteur publique et du secteur privé (environ 300,000), ayant des salaires en gourde jubilent, tandis que les industriels orientés vers l’exportation  crient aux désastres, interpellent l’administration en place sur de possibles faillites et menacent d’une éventuelle hécatombe au niveau de l’industrie de la sous-traitance, comme cela s’est produit quelques années auparavant en République Dominicaine, alors que l’économiste Labossière pense qu’il faudrait maintenir la pression pour ramener le taux de change à sa valeur réelle autour de 60-40 G pour 1 dollar et pourquoi pas à 25 G pour 1 USD ?. Il pense que la Banque Centrale devrait prendre ses responsabilités dans le cadre d’une politique monétaire axée sur les fondamentaux de l’économie haïtienne et non sur les spéculations orchestrées par les banques commerciales. Un ensemble de notes publiées par ce dernier sur Facebook et sur Twitter vont en ce sens. Tout en étant loin d’être un économiste, je penche pour cette solution qui empêcherait la reconstitution de la bulle spéculative liée à la tendance haussière du dollar qui s’est réduite comme une peau de chagrin durant cette période d’un mois et quelques jours et cela continue.

En tout cas, même si l’inflation est encore importante, on remarque une baisse assez significative sur certains produits de première nécessité. Puisse cela continuer sur l’ensemble des produits de base entrant dans le panier de la ménagère. Dans le Programme de Relance Post-COVID (PREPOC 2020-2023) en préparation qui s’articule autour: 1) de la diversification de l’économie et accélération de la croissance ; 2) du développement des services d’infrastructures de base et énergétiques ; 3) du  soutien aux petites et moyennes entreprises et à la création d’emplois ; 4) du développement du capital humain et de l’inclusion sociale ; 5) du renforcement de la résilience aux chocs naturels ; et 6) du renforcement de la sécurité intérieure et de l’État de droit, il faudrait que l’administration actuelle jette les bases d’une politique monétaire allant en ce sens et que le cadre budgétaire y relatif en soit imprégné.

La lettre de Cadrage budgétaire 2020-2021

Selon Le Nouvelliste sous la plume de Robenson Alphonse[10], « L’administration Moïse/ Jouthe, très optimiste, table sur une sortie de la récession économique au cours de l’exercice 2020-2021. Le taux de croissance du PIB devrait faire un bond pour atteindre 2,4 %, contre -2,9 % par rapport à l’exercice 2019-2020, a indiqué le Premier ministre Joseph Jouthe dans la lettre de cadrage du budget 2020-2021 qui fait d’autres projections. À la fin du prochain exercice 2020-2021, l’inflation estimée en glissement annuel est à 27,3 %. La projection de recettes fiscales est de 100 milliards de gourdes. La pression fiscale sera de 6.5% en raison de l’élargissement de la base des comptes nationaux de l’IHSI et des émissions nettes de trésorerie à 10 milliards de gourdes sont prévues, ce qui constitue « un niveau de financement monétaire compatible aux objectifs de stabilisation du cadre macroéconomique », selon cette lettre de cadrage qui souligne que pour « atteindre l’objectif de croissance, le gouvernement opte pour une politique de diversification et de transformation structurelle de l’économie haïtienne visant à soutenir la base productive et à créer des emplois sans toutefois négliger l’aspect de mitigation de chocs pour les groupes vulnérables ».

          « Vers 25 gourdes pour un dollar ? »


« Le scenario de la gourde forte n’est pas pris en compte dans la lettre de cadrage », selon Frantz Duval du Nouvelliste[11]. 2.4% de croissance en pleine année électorale, 27.3% d’inflation malgré la baisse de certains produits de base due à la chute du dollar, 6.5% de pression fiscale contrairement aux années précédentes autour de 10 à 13% (prévision et la réalité si situe entre 7-10%), 100 Mrds de gourdes de recettes fiscales, une nette augmentation par rapport l’exercice 2019 et 2020, comment expliquer ces prévisions de l’administration actuelle dans la lettre de cadrage? L’administration croit-elle vraiment dans le renforcement de la gourde? Ce sont les questions que se posent les observateurs avisés comme Nesmy Manigat[12], Frantz Duval et autres. En tout cas, Dr Labossière, consultant de la BRH  et du MEF (?), président de l’association des économistes haïtiens, persiste, signe et croit que l’équilibre pourrait s’établir autour de 25 G pour 1 USD. En attendant, « Le dollar qui s’échangeait pour plus de 120 gourdes le 17 août 2020 ne vaut plus ce 28 septembre que 67 gourdes 50 dans les banques et autour de 60 gourdes hors des banques.», toujours selon un éditorial de Frantz Duval, intitulé, «Vers 25 gourdes pour un dollar... Que dit la BRH? »

 

Aux dernières nouvelles, le 30 septembre 2020, le taux de change est de 62 G à l’achat et 64 G à la vente, le budget adopté en conseil des ministres pour l’exercice 2020-2021 est de 254,704,000,001 G, et le contrat d’énergie électrique entre l’Etat et Général Electric est approuvé par la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif(CSC/CA) en dépit du différend entre cette institution, le MTPTC et Palais National (un bon point pour notre pays)

        

Et nous avons peur ! Entendez-vous donc pour nous sortir de là !


 La situation politique tendue décrite plus haut  et qui est une constante de notre histoire de peuple est la principale responsable de nos malheurs. Mis à part le 18 mai 1803, où nous nous fumes mis d’accord pour réaliser la seule révolution d’esclaves réussie de l’histoire mondiale moderne, nous avons pris un malin plaisir à nous détruire, en inventant la notion de « crise permanente » depuis le 17 octobre 1806, par l’assassinat crapuleux de notre père fondateur, Jean Jacques Dessalines, le Grand.

Depuis, nous sommes devenus des nains rongés par la division dont le seul et unique objectif demeure l’accession au pouvoir au bénéfice de nos clans respectifs et au détriment de ce coin de terre obtenu au prix du sang versé.

Haïti agonise à cause de cette entropie politique qui mange ses fils et filles les plus qualifiés. C’est la déroute de l’intelligence, le règne de l’impunité, l’apologie de la médiocratie, l’ôte toi que je m’y mette. Sans projet, sans programme, sans plan pour nous sortir de là de manière définitive. On dirait qu’on se complait dans cette descente aux enfers et qu’on y trouve du plaisir jouissif à détruire l’autre, à se détruire et à détruire ce coin de terre qui nous a été légué.

C’est tellement triste ! En plus de favoriser le pouvoir parallèle, réel et occulte des gangs, des bandits au niveau de l’ensemble  du pays, nuisant considérablement à la libre circulation des personnes et des biens, le peu d’institutions qui nous restent n’arrivent même pas à s’entendre, à cause de la prédominance de notre manichéisme,  sur un simple contrat selon les règles de l’art, à instituer correctement une entité vitale pour la démocratisation du pays. L’institution en charge de notre sécurité est inféodée de bandits qui brulent, qui détruisent, et les autres gangs qui gangrènent la République en profitent pour nous voler, nous piller, nous violer et nous tuer de manière spectaculaire dans la rue et chez nous.

Et nous avons peur ! Entendez-vous donc pour nous sortir de là !!!



[7] https://lenouvelliste.com/article/221140/jovenel-moise-nomme-un-cep-pour-organiser-les-elections-et-un-referendum-pour-une-nouvelle-constitution

lundi 30 avril 2012

HAITI A L’HEURE DE VERITE



HAITI A L’HEURE DE VERITE
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
29 AVRIL 2012

Aujourd’hui, les ministères de l’agriculture et des affaires sociales ont lancé les festivités du 1er Mai 2012 sur le campus de Damien. C’est l’occasion de saluer la grande famille de Damien qui profite de l’occasion pour se ressourcer durant ces trois jours. En fonction de tous ces efforts déployés pour décorer magnifiquement la cour de Damien, lieu central de cette grande fête du travail et de l’agriculture, la fête s’annonce déjà belle avec cette foire agro- industrielle et artisanale doublée de l’animation musicale de «  Boukman Experyans ». Durant ces trois jours de festivités, Haïti vivra au rythme de l’agriculture et du travail. Les Directions départementales du ministère participent aussi aux festivités dans leur aire d’intervention  respective.


L'espoir: campagne de Printemps, dossier d'emplois et "vivre ensemble"
Nous sommes en pleine campagne de Printemps qui fournit annuellement 60% de la production agricole  du pays. Les abondantes pluies d'avril causent des dégâts importants au niveau de Port-au-Prince et autres grandes villes mais  permettent d’augurer des résultats plus qu’acceptables au niveau de la production agricole  malgré des semences non appropriées. Dans le cadre d'ABA GRANGOU, le  ministère   de l'agriculture a produit un dossier  de plus de 20 M USD susceptible de générer près de 130000 Personnes-Mois (P-M) de travail, s’il est mis  en œuvre au niveau des dix (10) départements. Haïti devrait  donc s’estimer heureuse et vivre avec beaucoup d’espoir durant cette période pré-cyclonique. 


En outre,  avec un Premier Ministre ratifié à moitié qui a de forte chance de l’être entièrement sous peu et un Président convalescent qui  « a frôlé la mort » et qui est prêt « à retrousser ses manches » pour se remettre au travail sur la terre natale en commençant par la commémoration de  la première année de sa prise de pouvoir le 14 mai prochain, l'espoir devrait nous rendre optimistes et positifs. Enfin, cette interview de Martelly qui rassure devrait nous convaincre du demarrage prochain de ce "vivre ensemble".

L’interview du Président
En effet, le Président a donné, le jeudi 26 avril 2012, une longue interview à Alex St Surin de Radio MEGA basée à Miami et relayée, pour la circonstance, par près d’une cinquantaine de radios à travers Haïti et qui est passée par la suite sur les chaines de télévision en Haïti. Il  a fait un bilan positif de sa première année de gestion et a reconnu avoir beaucoup appris et s’est grandement assagi par rapport à son rôle de Président, Chef de l’Exécutif, en ce sens qu’il ne peut agir seul sans les autres pouvoirs, en particulier le Parlement, comme il le croyait auparavant. En d’autres termes, certaines erreurs commises ne se renouvelleraient plus. C’est tout au moins ma lecture de cette interview empreinte d’une grande sincérité.

Regardons ensemble ce qui s’est passé au cours de ce mois d’avril 2012.

La mort d'un jeune policier
La situation d’insécurité qui prévalait à la fin du mois dernier et au début du mois d’avril a semblé baisser d’un cran à partir d’une opération coup de poing menée par la police nationale. Il faut noter aussi que le Directeur Général, qui était convalescent, a repris du service. Cela n’a pas empêché la mort par balle d’un jeune policier de 27 ans, qui parait-il, aurait été l’objet de menace de la part d’un Député. Celui-ci a été interrogé par la Justice en présence du Président de la Chambre Basse. En tout cas, la mort de ce jeune policier a valu à notre pays une journée de grève  « très chaude », le lundi 23 avril 2012. Ce qui a considérablement ralenti les activités ce jour-là.

Les « anciens militaires »
La semaine d’avant, les « anciens militaires » qui sont présents actuellement sur l’ensemble du territoire de manière très visible, se sont sentis en droit de pressurer le Parlement. La Chambre des Députés qui devait se pencher sur le dossier du Premier Ministre a du y surseoir momentanément en attendant que la lumière soit faite sur l’attitude de « ces bandes armées ». La convocation des anciens militaires par le Ministère de l’intérieur  pour régler la question d’arriérés de salaires, de fonds de pension de ces derniers a débouché sur la vocifération de certains d’entre eux devant les médias et cette menace d’appliquer « le plan B » que seuls les militaires en ont connaissance jusqu’à présent. Ce qui pourrait être exploité par des loups qui le mettraient sur  le compte des anciens militaires.

La corruption  et la République Dominicaine?
Toutes ces agitations ont été précédées deux semaines plus tôt de cette « révélation de corruption » venant de la République voisine avec l’implication d’un sénateur dominicain, proche du Président Fernandez, et principal contributeur de son parti, le PLD, qui aurait versé, à travers ses entreprises opérant en Haïti , des fonds à nos deux candidats, Mme Manigat (250,000 USD) et Mr Martelly (2,500,000 USD) lors du second tour des élections haïtiennes et dont une partie versée au Président après sa prise de pouvoir. Ce que les deux ont naturellement nié. Où est la vérité ?

 Cette affaire semble être liée à la campagne électorale qui bat son plein en République Dominicaine dont le Président sortant a jugé bon de décorer le Président Martelly dans le cadre d’une grandiose cérémonie de l’autre coté de l’Ile qui a été interprétée comme un show électoraliste par la partie d’en face. En tout cas, comme par hasard, un colonel dominicain appartenant au camp adverse en République Dominicaine (PRD), est accusé d’être en train de formuler un complot  avec un haïtien contre le Président Martelly. Comme quoi, dirait-on, difficile de savoir la vérité. En période électorale, tout est permis.

Cette affaire a occupé les médias en lieu et place des grands dossiers du pays comme le budget qui attend peut-etre la ratification définitive du Premier Ministre, si ratification il y en aura à 5 mois de la fin de l’exercice fiscal 2011-2012. Ce qui augure un taux de croissance beaucoup plus faible du PIB pour l’exercice en cours. Mais on s’en fiche mis à part le Group Croissance et d’autres fous comme moi qui croient encore dans l’avenir de ce coin de terre.

La semaine de la Finance du Group Croissance
Un succès pour les organisateurs, un autre regard sur le pays. Tout le monde de la finance haïtienne était au rendez-vous. De nouveaux concepts, de nouvelles idées pour les non initiés : « l’insécurité financière » avec la concentration de 87% des disponibilités financières au niveau du Département de l’Ouest, la nécessité de  « l’inclusion financière » pour relancer l’économie et déboucher sur cette croissance durable, cette révolution de croissance. C’a été l’occasion d’honorer deux personnalités importantes de la finance : Mme Gladys Coupet de la Citi Bank et Mr Henry Bazin, ancien ministre de l’économie. Cette 2e édition nous a permis à nous autres de nous évader et de réfléchir sur l’avenir de ce pays bien aimé et tellement mal compris par nos politiques qui préfèrent se battre pour en avoir la jouissance et non pour son développement. Il ne faut pas non plus mettre tous nos politiques dans le même panier. C’est peut-être la faute du système mis en place en 1806 et qui se renouvelle en accentuant son coté exclusiviste, exclusion par rapport à nos ruraux, exclusion financière (13%) et autres (services, emplois)  par rapport à nos villes de province,   et exclusion par rapport à notre diaspora.

La semaine de la Diaspora
La semaine de la diaspora a été l’occasion de nous retrouver, les haïtiens de l’intérieur et les représentants de la diaspora, notre principal bailleur de fonds avec plus de 1.5 Mrds USD l’an, le principal responsable de notre survie. Economie oui, politique non, ou tout au moins, très partiellement. A quand la participation à la vie politique du pays sans restriction aucune de ce réservoir de compétences, de connaissances ? Il faudrait y penser sérieusement si on veut sortir de ce sous-développement chronique et contempler cette révolution de croissance avec une répartition equitable de ses fruits. Pour cela, il nous faudrait de la stabilité politique avec des gouvernements qui arrivent à travailler en paix sans la peur d’un renvoi par le Président ou par le Parlement.

L’absence d’un gouvernement
En l’absence du Président qui est revenu juste pour rencontrer le  Président Mexicain en visite officielle  en Haïti et contraint de repartir pour se faire soigner en urgence aux USA, Haïti a souffert de l’absence d’un gouvernement. La tentative du Premier Ministre démissionnaire de faire sentir sa présence lorsque les policiers fâchés de l’assassinat de l’un d’entre eux  et qui voulaient se venger sur le Député rendu « responsable » de cet acte odieux, n’a pas été bien vue. Au 6e Sommet des Chefs d’Etat des  Amériques en Colombie, Haïti n’a été représentée que par  son ministre des affaires étrangères démissionnaire et moitié Premier Ministre. C’est notre vérité et nous la trouvons normale. Même si nous savons pertinemment  que,  sans gouvernement, aucun bailleur ne s’aventure à honorer ses promesses et que sans budget le pays ne fait que naviguer sans boussole.

¼ de Premier Ministre
C’est pourquoi nous utilisons un prêt comme PETROCARIBE pour des dépenses courantes et non pour des investissements sérieux et rentables. Par exemple, nous disons vouloir faire de l’agriculture notre principal pilier de croissance. Qu’avons-nous fait pour cela ? Rien. Pas même le vote des 10% du budget national souhaités. La loi budgétaire n’est pas encore votée à cause essentiellement de la démission du Premier Ministre et à cause de la lenteur de ratification du nouveau Premier Ministre, en la personne de Laurent Salvador LAMOTHE, notre moitié Premier Ministre à date. Un ami a plaisanté en parlant de notre « 1/3 PM ». Il est devenu très sérieux en m’expliquant, non seulement, il doit passer l’étape de la Chambre basse et aussi celle  de l’énoncé de sa politique générale devant les deux chambres, séparément s’il vous plait. « Je devrais parler de notre ¼ PM par rapport à ce qui reste du processus de ratification » a-t’il conclu le plus sérieusement du monde. En y réfléchissant bien, cela nous ramenera au-delà de 8 mai 2012, date de départ des « dinosaures du Sénat ».  Ce qui pourrait perturber le processus.Voilà la vérité, notre vérité.

L’heure de vérité
 Pour réaliser le programme 4 E du Président Martelly, le PM Conille avait présenté une politique globale de 15 Mrds d’USD sur 5 ans. Il n’avait pas eu le temps de faire adopter son budget d’approximativement de 3 Mrds d’USD pour l’exercice en cours, et le secteur agricole n’a pas eu les 10% souhaités (300 M USD) de ce budget pour favoriser l’atteinte de cet objectif global de 7.8% de croissance. Avec la ratification de Mr LAMOTHE, si ratification il y en aura, il nous faudrait revoir le budget et le ratifier avec 7 mois de retard. Les résultats seront forcément en deçà des prévisions. Nous sommes donc à l’heure de vérité. Continuons-nous à nous enfoncer ou faisons-nous ce consensus minimum autour de LAMOTHE ? Al chita avek analyz bidon’w yo. Vye neg Martelly. Nap fout continye pi red ! Quelle tristesse ! C’est notre vérité ! Nous sommes en plein là dedans ! Singulier petit pays !