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mercredi 1 novembre 2017

HAITI : DECHOUCAGE, CONFERENCE NATIONALE SOUVERAINE OU ETATS GENERAUX SECTORIELS DE LA NATION?

HAITI : DECHOUCAGE, CONFERENCE NATIONALE SOUVERAINE OU ETATS GENERAUX SECTORIELS  DE LA NATION?

JEAN-ROBERT JEAN-NOEL

31 OCTOBRE 2017

Le mois d’octobre 2017 est marqué par les manifestations de rue dont l’objectif est désormais le déchoucage du Président Moïse, c’est la position de l’opposition radicale (LAVALAS et PITIT DESALIN). Un autre courant plus modéré propose la conférence nationale souveraine  comme solution à la crise actuelle. Le pouvoir parle des états généraux sectoriels de la nation, un des points clés de l’énoncé de politique générale du Premier Ministre Jack Guy Lafontant. De ces trois grands courants, lequel sortira triomphant de cette bataille pour prendre ou garder le pouvoir? Ou va-t-on continuer à nous chamailler pour les broutilles du pouvoir à des fins personnelles et /ou claniques, sans que notre pays Haïti soit le tenant et l’aboutissant de toute entreprise de dialogue inter-haïtien, conférence nationale ou Etats généraux sectoriels?

A-     LES FAITS SAILLANTS DU MOIS D’OCTOBRE 2017

Avant d’essayer d’analyser les trois courants, regardons ensemble, comme à notre habitude, les faits saillants du mois.

Mise à part la nouvelle de la maladie soudaine du principal leader de l’opposition radicale, Jean-Charles Moïse, qui serait due, selon Jean Mona Metellus, l’animateur vedette de l’émission INTERSECTION sur Radio Caraïbe, à l’inhalation de gaz lacrymogène,   il y a deux faits saillants qui deviennent routiniers depuis quelque temps, c’est la caravane du changement depuis le 1er mai 2017, une stratégie implémentée par le pouvoir en place pour inciter les acteurs du développement à travailler en synergie dans un même lieu, beaucoup plus rapidement et avec les moyens dont ils disposent, et les manifestations  de rue depuis le 12 septembre 2017 contre le budget 2017-2018 dans un premier temps et contre le Président J. Moïse une semaine plus tard après la publication du budget. 

Le Président de la Banque Interaméricaine de développement (BID), M. Moreno, en visite officielle en Haïti, et après une visite dans la Péninsule Sud d’Haïti, en compagnie du Président Moïse, s’est engagé à financer certaines actions sectorielles dans le cadre de la caravane à hauteur de 100 M USD, et a encouragé l’opposition politique en Haïti à prendre le train de la caravane du changement.

Après l’opération coup de poing de la caravane du changement au niveau de la Vallée de l’Artibonite, on constate une augmentation de la production de riz  suite aux travaux réalisés par le ministère de l’agriculture et l’ODVA dans le cadre de la caravane. Cette constatation est confirmée par un paysan  de la Vallée qui se plaigne du manque de travailleurs pour « battre le riz ».  « Le plus gros problème de la Vallée actuellement, c’est la rareté de main-d’œuvre  pour la cueillette du riz» a déclaré un autre paysan, membre de la Fédération des associations d’irrigants (FASIVAL). C’est le même constat fait par un gros entrepreneur de la zone, pas toujours tendre avec la caravane. Au niveau de la Péninsule Sud, les réalisations varient d’un secteur à l’autre, d’une zone à une autre et d’une activité à une autre, du bon et  du moins bon.

 Un autre fait routinier c’est la grève sporadique  des greffiers, celle des juges ayant trouvé un dénouement négocié avec le pouvoir en place. Selon le président de l’association des greffiers, cette grève touche les 18 juridictions judiciaires du pays. Ce qui paralyse l’appareil judiciaire dans son ensemble. A quand le dénouement de ce bras de fer entre le pouvoir et les greffiers ? Dès que les nombreuses revendications des greffiers seront satisfaites, selon l’un des membres de cette association, qui a déploré la complaisance des autorités vis-à-vis des juges, contrairement à eux autres qui ont fait entendre leur voix bien avant les juges.

L’artisanat en fête a réuni au Parc Canne à Sucre nos meilleurs artisans. Cette foire annuelle organisée par le journal, Le Nouvelliste, a été une fois de plus un succès. Cette grande fête culturelle, rehaussée par la présence du couple présidentiel, a mis en exergue les talents de nos multiples artisans. Il aurait fallu être là pour comprendre. Aucun reportage, aussi parfait qu’il puisse être, n’aurait pu traduire correctement la réussite d’un tel événement culturel. Bravo à Le Nouvelliste !!!

Le rapport de la commission d’éthique et d’anticorruption du Sénat sur les fonds PETROCARIBE, présidé par le Sénateur Beauplan, est remis, le 26 Octobre 2017, au Président du Sénat, M. Youri Latortue, qui a présidé cette commission avant d’être élu à la présidence du Sénat. A la lecture du résumé exécutif en circulation, on n’a pas l’impression que les choses ont vraiment évolué. Selon le président de la commission, c’est un rapport approfondi. Un autre membre de la commission s’est permis d’orienter les regards  vers le Palais National où se trouveraient les principaux corrompus. Un autre sénateur, proche du pouvoir et secrétaire de la commission, a dénoncé le rapport. La bataille entre l’opposition et le pouvoir trouve donc son écho au sein de cette commission qui aurait dû produire un rapport impartial incluant la gestion de l’administration Privert dans l’utilisation des fonds PETROCARIBE, d’autant que, à tort ou à raison, l’actuel commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Clamé Ocname Daméus, trop zélé et dépassant les limites de ses pouvoirs selon certains observateurs, a distribué des interdictions de départ contre les ex-cadres de BMPAD[1] qui gère le fonds PETROCARIBE et très récemment contre deux ex-ministres de cette administration, MM. Yves Romain Bastien de l’économie et des finances  et Camille Edouard Junior de la Justice. Comme le premier rapport produit sous la direction de Youri Latortue, ce rapport s’est concentré sur les activités de  PETROCARIBE jusqu’en Mars 2016 (Gestion du Premier Ministre Evans Paul).

B-      LES OPTIONS SUR LA TABLE

Maintenant, regardons ensemble les trois options sur la table, le déchoucage, la conférence nationale souveraine et les états généraux sectoriels de la nation.

1.       Déchoucage de Jovenel Moïse

Le déchoucage est notre sport favori à travers l’histoire depuis le déchoucage du système esclavagiste initié sur cette terre (un très bon exemple pour l’humanité), en passant par les déchoucages de nos dirigeants politiques dont le premier est Jean Jacques Dessaline, le GRAND,  et les autres jusqu’à Jean Claude Duvalier, Aristide en deux occasions. Les tentatives contre Préval, contre Martelly, sans succès. Actuellement contre J.Moïse. Il faut préciser que les déchoucages n’ont fait qu’agir négativement sur le développement de notre pays. Les ote toi que je m’y mette n’ont abouti qu’à remplacer les personnes, en perpétuant le système mis en place en 1806 après l’assassinat de Dessalines et de son idéal d’une Haïti profitable à l’ensemble de ses fils et filles. Le système mis en place en prolongement du système colonial se reproduit jusqu’à aujourd’hui où il a atteint ses limites. On est actuellement au bord de l’explosion sociale : tous les indicateurs sont au rouge. Le processus de dégradation a atteint son apogée. Malheureusement, l’administration actuelle a pris le relais dans cette conjoncture. Son déchoucage ne mènera à rien, sinon qu’à aggraver la situation comme cela avait été le cas pour la présidence d’Aristide (2004). Aristide est parti parce que, selon les apôtres du déchoucage de l’époque, il était le problème. L’éclaircie du gouvernement de transition n’a pas apporté grand-chose sinon un renforcement de notre arsenal législatif. Les administrations Préval et Martelly non plus. La transition de Privert non plus, si ce n’est de compléter le processus électoral enclenché sous Martelly et qui a abouti aux élus actuels (Président, Sénateurs, Députés et collectivités territoriales), tel que prévu par la constitution de 1987, moins les élections directes (stoppées). Veut-on déboulonner Jovenel Moïse comme l’exigent les manifestants ou l’ensemble des élus ? Peut-être que la conférence nationale souveraine apporterait une réponse par rapport à l’option déchoucage qui ne mènera nulle part.

2.       Conférence Nationale Souveraine

L’idée de la conférence nationale souveraine a été promue par le regretté Turnep Delpé. Elle a pris ses origines en Afrique, Benin (1990)[2], République Démocratique du Congo (RDC/Zaïre 1990-1992)[3], Niger[4] (1991) et Tchad (1993)[5]. Un point commun à toutes ces conférences nationales souveraines, elles ont été initiées par des régimes dictatoriaux. La mieux organisée a été celle du RDC, la mieux réussie celle du Bénin.

Si les conférences nationales ont permis de bien poser les problèmes des pays dans lesquels elles ont été organisées, les propositions de solutions n’ont pas été correctement appliquées (RDC, Tchad) ou ont été galvaudées par les politiciens (Niger), sauf au Bénin où le dictateur Mathieu Kérekou  a accepté, à son corps défendant, la souveraineté de la conférence nationale (Passage de la dictature à la démocratie), la présidence, la primature, les élections au suffrage universel, la refonte de la structure étatique. Les élections ont été organisées. Le 1er août 1991, Nicéphore Soglo a été élu président de la nouvelle République et 5 ans plus tard, Mathieu Kerekou est revenu au pouvoir démocratiquement en 1996.  Pour les autres conférences nationales, la situation s’est empirée après la période d’éclaircie de la conférence. Un seul exemple : Mobutu de la RDC a dû être renversé quelques années plus tard par Kabila. C’est le fils de Kabila qui dirige actuellement la RDC.  Pour les autres cas, consultez les références indiquées plus bas et tirez vos propres conclusions.

La conférence nationale souveraine a tout remis en question dans les pays où elle a été organisée. Dans le cas d’Haïti, qui est un pays démocratique, remettra-elle en question l’élection du président de la République, les élections des sénateurs, des députés, des collectivités territoriales, ou se concentrera-t-elle sur les vrais problèmes du pays relatifs à l’humain, au social, à l’environnement physique du pays, à l’infrastructurel, à l’économique/finance et la politique/gouvernance? Si elle remettait en question totalement ou partiellement  les élections, elle s’apparenterait à une forme de déchoucage en douceur ; si elle se concentrait sur les vrais problèmes du pays, elle se rapprocherait des états généraux sectoriels.

3.       Etats Généraux Sectoriels de La Nation

A part les annonces faites par le Président Moïse lors de la campagne électorale et sa déclaration formelle lors de l’investiture du Premier Ministre Jack Guy Lafontant, on ne connait pas grand-chose sur les états généraux de la Nation (EGSN). C’est pourquoi nous référons nos lecteurs à un excellent article du Journal Le National à ce sujet par trois spécialistes haïtiens[6] d’où nous tirons ce passage : « Aujourd’hui, la situation socioéconomique et politique du pays est très délicate. C’est pourquoi la réflexion inscrite dans cet article voulait expliciter à travers cinq interrogations fondamentales les contours de la tenue des États généraux sectoriels de la nation. Déterminer avec précision la direction à prendre semble dépendre dans une large mesure de là où on veut aller. La faisabilité de la tenue des états généraux est possible si elle est dirigée par une vision globale qui fixe les objectifs (quoi) et les finalités (pourquoi) et qui prend en compte le degré d’implication des acteurs (qui), le timing (quand), les moyens matériels, financiers et humains (comment). L’urgence est de taille. Et pour permettre le pays de reprendre pied vers le « take-off » économique nécessaire, la reconstruction du capital humain, la refondation du capital social et la lutte contre le fléau de la corruption (Voir notre article publié le 2 octobre au journal le National: ‘’Nécessité de rassembler la nation’’.), la convocation des EGSN semble être une occasion indispensable et urgente pour la définition d’une société construite avec du lien social».

En lisant avec attention cet article, il est clair que les états généraux sectoriels de la nation ne seront pas une partie de plaisir. C’est quelque chose de très sérieux qui doive répondre aux cinq questions fondamentales évoquées dans cet article, à savoir : Quoi ? Pourquoi? Qui ? Quand ?, et Comment?

C-      L’ENJEU, « ote toi que je m’y mette » ou « Haïti d’abord et avant tout[7] »

Il est plus qu’évident que le déchoucage  de nos dirigeants n’a pas donné de résultats dans le passé et ne peut donner de résultat dans le cadre de ce système qui est à bout de souffle. C’est une option à écarter, sauf pour les apôtres d’« ote toi que je m’y mette ». Et quand bien même ils arriveraient à leur fin, cela ne devrait pas durer longtemps. Au pouvoir, ils n’ont pas su innover, pourquoi en serait-il autrement cette fois-ci ?

Pour ceux qui veulent la conférence nationale souveraine, il faudrait y ajouter l’adjectif inclusive  ou semi souveraine  pourqu’elle ne soit perçue comme une manière détournée de faire une sorte de coup d’Etat contre l’administration en place. Comme l’a fait ressortir l’un des adeptes de la conférence nationale souveraine, il ne participera pas à des Etats Généraux Sectoriels de la Nation promus par le Président. C’est comme si le mot d’ordre serait conférence nationale souveraine ou rien. C’est encore une forme de jusqu’auboutisme. Espérons que l’idée de la conférence nationale souveraine se rapprocherait beaucoup plus des états généraux du point de vue contenu pour nous éviter le spectre grimaçant de la désillusion.

Quant aux Etats généraux Sectoriels de la Nation, qui étaient une promesse électorale du Président de la République, il faut les orienter vers une finalité très claire : « Haïti d’Abord et avant tout » et ne pas laisser cette entreprise si noble se transformer en des manœuvres politiques pour le pouvoir. L’administration actuelle devrait tout tenter pourque cette initiative  soit inclusive, chercher la collaboration des radicaux, des modérés, et de l’ensemble de la majorité silencieuse fatiguée de tant d’instabilité, et prendre toutes les dispositions pour avoir les moyens nécessaires à sa réussite la plus totale.

Haïti a besoin de tous ses fils et filles pour sortir du trou. Toute entreprise pour Haïti ne peut être qu’inclusive et profitable à tous et à chacun. Dans le cas contraire, ce sera un échec cuisant qui nous engloutira tous définitivement,  avec l’os déchaussé  des broutilles du pouvoir dans les mains de nos politiciens comme seul trophée de notre défaite à tous, au grand dam de Papa Dessalines qui se retournerait dans sa tombe et nous maudirait d’avoir galvaudé son précieux héritage.





1 Bureau de monétisation des programmes d’aide au développement
[6] Wadner ARTHUS, Master II Sciences Politiques Consultant en politiques publiques ; Jesse JEAN, Ph.D, Expert Consultant en éducation et développement ; Dequel Jean MERGER, Maîtrise en Stratégie politique Spécialiste en relations internationales
[7] Le titre de mon ouvrage en quatre tomes  en phase de rédaction (2004 à date : (1) La difficile transition 2004-2007, (ii) la gestion des catastrophes (2007-2011) , (iii) L’Exacerbation de la bataille des clans (2011-2016), IV La  Nécessité de la grande concertation nationale 2016-2022)

lundi 5 février 2018

HAÏTI : ENTRE LA MERDE DE TRUMP ET LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION, UNE TENDANCE A L’ENTENTE NATIONALE ?

HAÏTI : ENTRE LA MERDE DE TRUMP ET LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION, UNE TENDANCE A L’ENTENTE NATIONALE ?
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
4 FEVRIER 2018

Le deuxième lundi  de Janvier 2018, tel que prévu par la Constitution, le Président de la République, M.J. MOISE,  le Premier Ministre Jack Guy LAFONTANT et son gouvernement se sont présentés, ce 8 janvier 2018, devant le Parlement pour un état des lieux de la nation. Le Président en a profité pour présenter les grandes priorités de son administration pour l’année 2018, entre autre, la lutte contre la corruption. « A cet effet, le Président de la République appelle à l’unité des pouvoirs de l’État et de toutes les forces vives du pays pour lutter efficacement contre le fléau de la corruption qui constitue un obstacle majeur au développement du pays. Une lutte nécessaire d’autant plus qu’elle vise à créer plus d’opportunités à la jeunesse du pays afin de réduire les flux migratoires vers les autres pays de la région.[1]» Du 1er Janvier aux Gonaïves, jour de l’Indépendance, jusqu’au 31 janvier, le pays a vécu une période d’accalmie, troublée par deux faits  majeurs, les propos du Président Américain, Donald Trump, traitant  les pays africains et Haïti de « shithole » (trou de cue) et le rapport PETROCARIBE sur la corruption mis en débat au Sénat par le nouveau Président du Sénat, M. Joseph LAMBERT. En ce début d’année, Haïti semble trouver un point d’entente entre la merde de Trump et la lutte contre la corruption. Avant d’y arriver, passons en revue les faits saillants du mois de janvier 2018.

Faits saillants du mois de Janvier 2018

En plus de (I) la merde de Trump qui a fait un tollé mondial et (ii) le dossier PETROCARIBE, d’autres faits méritent d’être signalés : (iii) Les Elections au Parlement ont conduit au remplacement de Youri Latortue par Joseph Lambert au Sénat et  de Cholzer Chancy par Gary Bodeau à la chambre basse. (iv) Le Voyage du Président  J. Moïse en Italie où il a rencontré le  Président Italien et le Pape François ainsi que les agences de Rome, FIDA, FAO. Pour ce voyage en Italie, le Président était accompagné  de sa famille (femme et enfants), du ministre des affaires étrangères, de son chef de cabinet, des Présidents du Sénat et de la Chambre Basse. (v) la rencontre du Président avec la Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) au siège de cette institution a dissipé le malentendu entre ces deux pouvoirs d’Etat. Ainsi, au cours de ce mois de janvier 2018, les trois pouvoirs projettent une image d’entente. (vi) La campagne pour l’exclusion de  Sweet Micky aux parcours carnavalesques s’est soldée par sa non-participation officielle au carnaval de l’Indépendance des Gonaïves et à celui de Jacmel. La campagne continue pour son exclusion du carnaval national à Port-au-Prince, et Martelly prend son bâton de pèlerin pour s’expliquer au niveau de certains médias avec un clash de « joure mamman » à Caraïbes Matin avec un animateur de cette émission.  (vii) Dans le cadre de l’extension de la caravane du changement sur l’ensemble du pays à partir de 7 Février 2018, le Président Moïse a procédé à la remise de matériels lourds au niveau de certains départements comme le Centre, l’Artibonite, le Nord-Est, le Nord-Ouest et le Nord en ont reçu un certain nombre bien longtemps avant. Un calendrier prévoit la remise de ces matériels à l’ensemble des départements jusqu’au 11 Février 2018. A ce qu’il parait, à date 80% des 123 M USD de matériels sont déjà en Haïti, selon le Président. (viii) la jeune sélection féminine nationale de football, les Grenadières, s’est qualifiée pour le Mondial en France en battant le Canada par 1 but à 0, obtenant ainsi la 3e place qualificative après le Mexique et les USA. Compliments à ces jeunes  qui, au prix d’énormes sacrifices, ont fait honneur à notre pays meurtri!

La merde de Trump et la lutte contre la corruption

Maintenant concentrons-nous sur la merde de Trump et la  lutte contre la corruption. Lors d’une rencontre bipartite à la Maison Blanche, les démocrates ont rapporté aux médias les propos du président américain traitant Haïti et les pays africains de pays de merde. Ces propos ont été reprouvés mondialement. Les haïtiens ont organisé des manifestations à New-York, en Floride et en Haïti. Le Gouvernement Haïtien a convoqué le chargé d’affaire américain en Haïti. Certains partis politiques ont sorti des notes de presse assez musclés. LAVALAS et PITIT DESSALINES ont organisé des manifestations de rue. LAVALAS a instruit ses partisans de se concentrer uniquement sur les propos de Trump, tandis que PITIT DESSALINES a associé le déchoucage de Jovenel Moïse à la manifestation contre les propos de Trump. Lors de la préparation de cette manifestation, l’équipe de LAVALAS ainsi que l’avocat Michel André ont fait valoir qu’ils sont pour la conférence nationale souveraine pour régler leur différend avec le pouvoir en place qui, lui-même a parlé d’Etats Généraux Sectoriels de la nation et semble ne pas avoir trop de problème avec le concept Conférence Nationale, n’est-ce pas, Monsieur le Président ? La position jusqu’auboutiste  de déchoucage de J C MOISE semble l’affaiblir, puisque certains alliés l’ont abandonné pour cette raison.  Il n’en a cure.

Quant à la lutte contre la corruption, le Président l’a encore affirmé au Parlement, il en fait une affaire personnelle. Il veut avoir l’appui des autres pouvoirs pour lutter contre le fléau de la corruption, un obstacle majeur au développement du pays. Le rapport PETROCARIBE approfondi par trois sénateurs de l’opposition, Beauplan, Cassy et Pierre avec l’appui de Cheramy, ne plait pas au pouvoir, qui estime que le rapport est « biaisé ». L’opposition, dans sa lutte contre le pouvoir en place en fait son cheval de bataille. La grande majorité des indexés, estiment les allié du pouvoir, sont des anciens ministres de Martelly, des anciens directeurs de BMPAD liés à l’administration Martelly. La dernière résolution de PETROCARIBE engageant les anciens ministres et le directeur du BMPAD sous l’administration Privert n’a pas été analysée par la commission dirigée par Beauplan. Tous ces arguments restent très valables. La grande question, y –a-t-il corruption ou non ? Si oui, il faut sévir. Mais qui doit sévir, la justice, l’ULCC, la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux administratif (CSCCA), etc.? En tout cas, le Sénat a tranché, à travers uniquement les membres du PHTK et alliés fort tard dans la nuit du 1er  Février 2018 par une résolution, transférant le dossier à la CSCCA. Ce qui est qualifié d’opération « champwel » par l’opposition politique. « C’est la mafia totale qui est au niveau du Parlement. L’un des plus grands réseaux de mafia du pays se trouve au Parlement [2]», selon Beauplan. Le fait de ne pas classer le dossier sans suite, c’est déjà une bonne chose. Les Sénateurs liés au pouvoir auraient pu demander de passer au vote contre le rapport tel qu’il est et obtenir le rejet du rapport. Cela ferait un tollé pour quelques jours et peut-être quelques mois comme c’avait été le cas pour ce qu’on a qualifié d’ONAGATE, comme pour le rapport Paul Denis sur l’administration d’Aristide. Ces deux dossiers sont classés dans les tiroirs sans suite. Pour le rapport PETROCARIBE, c’est à la CSCCA et à la Justice de lui donner suite.

Il faut profiter du momentum
De ces deux dossiers le cas de la merde de Trump qui a soulevé l’indignation des haïtiens de toutes catégories, nous avons pour une fois fait l’unanimité par rapport à un dossier stigmatisant notre pays comme c’avait été le cas pour le 4H désigné plus tard par le sigle SIDA, même si, pour des raisons politiciennes, il y a eu divergence sur la manière de répondre  à  Trump. Pour le dossier de lutte contre la corruption, dossier PETROCARIBE mis à part, il y a consensus pour lutter contre le fléau de la corruption sans une utilisation politicienne  de tel ou tel dossier. Pour une autre fois, tout le monde veut lutter contre la corruption, le pouvoir en place, l’opposition, la société civile, la société haïtienne dans son ensemble. Il faut donc profiter du momentum pour mettre de l’ordre dans nos affaires.

Conférence nationale ou états généraux sectoriels de la nation, contenu et limites ?
La position de LAVALAS et d’autres groupes, qui ont passé du déchoucage à la conférence nationale souveraine et le pouvoir qui n’aurait pas de problème avec le mot conférence nationale, c’est un autre point de consensus entre nous. Maintenant, il faudra se mettre d’accord sur le contenu et les limites de la conférence. Si la conférence nationale sera souveraine[3] comme  en Afrique, elle devra en principe tout remettre en question, même  les élections qui viennent d’être organisées à tous les niveaux. Dans ce cas, sa réussite pourrait être compromise. C’est pourquoi, dès le départ, il faudrait se mettre d’accord sur le contenu et les limites de la conférence nationale ou états généraux sectoriels de la nation ou la grande concertation nationale. Peu importe le nom qu’on lui donnera, il faudra se mettre d’accord sur quelque chose sur Haïti sans arrière-pensée politicienne.

                    Conclusion : Haïti d’abord et avant tout ou la continuation de la bataille des clans ???

En guise de conclusion, les divers documents sectoriels sur Haïti, les plans de réponse aux catastrophes qui ont frappé Haïti, le dernier document de synthèse des plans d’action départementaux pour le relèvement et le développement  portent en eux les germes d’une nouvelle Haïti capables de mobiliser les forces vives du pays  pour transformer les rapports sociaux historiques et aboutir au développement intégral, endogène et durable du pays. Ces documents disposent d’éléments susceptibles de nous aider à nous asseoir ensemble dans le cadre d’une grande concertation nationale en vue d’aboutir à cette nouvelle Haïti. La réponse à la merde de Trump et la lutte contre la corruption qui ont fait l’unanimité chez tous les haïtiens ne peuvent-elles pas être les déclencheurs de cette tendance à l’entente nationale, la seule porte de sortie pour favoriser la mise en commun de nos forces vers le développement de notre Haïti Chérie? C’est possible, seulement si la bataille pour l’entente ne vise que le relèvement et le développement d’Haïti et non la prise de pouvoir d’un clan par rapport à un autre pour satisfaire les égos d’un clan par rapport à un autre selon le modèle établi depuis 1806. Faites vos jeux chers compatriotes, « Haïti d’abord et avant tout" ou la continuation de la bataille des clans ???