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dimanche 25 novembre 2012

HAITI: LES TROIS PILIERS DU DEVELOPPEMENT NATIONAL, LE DEAL ENTRE HAITIENS ?



HAITI: LES TROIS PILIERS DU DEVELOPPEMENT NATIONAL, LE DEAL ENTRE HAITIENS ?
JEAN ROBERT JEAN-NOEL
25 NOVEMBRE 2012

Après le passage de Sandy qui a ravagé la cote Nord-est des USA, les américains ont décidé, le Mardi 6 Novembre 2012, de donner un second mandat à Obama. La bataille s’annonçait rude et très serrée. Au final, OBama l’a emportée haut la main avec 332 /538 de  votes des Grands électeurs et 50.51% de votes populaires contre 47.85% à Romney. Le peuple américain a fait son choix sans ambigüité. Le monde entier a semblé soulager.

En Haïti, après les dégâts de Sandy (750 M USD) et l’inondation dans le Nord du Pays qui a fait une quinzaine de morts au Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, je nous croyais prêts pour « un complot positif » pour le « Haïtian Dream », (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2012/10/haiti-apres-sandy-le-complot-pour-le_31.html). Comme je l’avais écrit, « Nous sommes trop petits pour voir aussi grand ». Pour être plus positif,  voyons quelques éléments d’actualité avant de remonter le temps pour voir les réponses données à ces genres de situation et les résultats obtenus, interrogeons-nous sur la situation actuelle, et essayons de proposer quelques solutions.

Le voyage du Président Martelly en Europe et le Premier Ministre aux Caraïbes
Au cours de ce mois de novembre 2012, le Président Martelly a visité officiellement l’Espagne dans le cadre du Sommet Ibéro-Américain où Haïti est unanimement admise comme membre observateur, a été au Parlement Européen à Strasbourg (France), a été reçu, en Italie, avec Femme et enfants, par le Pape Benoit XVI au Vatican, et en a profité pour avoir des discussions avec les agences de Rome, en particulier la FAO. D’où cet extrait : « La FAO et le gouvernement de Haïti espèrent obtenir, au cours des 12 prochains mois, 74 millions de dollars pour la réhabilitation du secteur agricole à la suite de l'ouragan Sandy, de la tempête tropicale Isaac et de la sécheresse qui a sévi plus tôt cette année. Ensemble, ces trois phénomènes climatiques extrêmes ont causé des dommages colossaux à l'agriculture et à la pêche. Depuis le mois d'octobre, deux millions de Haïtiens souffrent d'insécurité alimentaire et de malnutrition ».

Entre temps, l’insécurité de type banditisme semble reprendre du poil de la bête ; le Premier Ministre Lamothe a été à St Thomas, en particulier à l’Université du même nom, là où il a fait sa maitrise, pour parler d’Haïti ; le 18 Novembre 2012 n’a pas été commémoré comme par le passé à cause de l’absence au pays des  deux principales autorités , de plus le monument des Héros de Vertières a été « profané en rose et blanc » ; la sélection haïtienne est qualifiée pour la phase finale de la Coupe de la Caraïbe, une bonne chose dans cette grisaillerie haïtienne du mois de novembre (temps maussade comme la population, on dirait que la nature est triste pour nous) ; les manifestions estudiantines de rues suite à l’assassinat de l’un d’entre eux ; la tentative de certains Députés de présurer le Premier Ministre pour une affaire de 10 M HTG/député qui seraient distribuées à des députés progouvernementaux (?) ; l’état d’urgence d’un(1) mois décrété par le Gouvernement Lamothe en réponse à Sandy pour l’application d’un programme de réponse post-Sandy, etc. Après le passage de Jeanne en 2004 et les 4 cyclones de 2008, aux réponses gouvernementales, quelles autres réponses Haïti a connues et avec quels résultats ?

L’opération Bagdad/le Kidnapping érigé en mode opératoire quotidien
En tout cas, en 2004, en réponse au ravage de Jeanne aux Gonaïves, alors que le Gouvernement de transition de Latortue se battait pour donner une réponse à la mesure du défi environnemental gonaïvien, on a eu « la fameuse opération Bagdad » qui a érigé en mode opératoire quotidien le kidnapping qui jusqu’ici était quelque chose de sporadique. Que de dégâts, que de ravage psychologique, que de larmes nous a coûtés et nous coûte encore le kidnapping ! Heureusement, le Président Préval, après les quatre cyclones de 2008, a continué, sous le gouvernement de Mme Pierre-Louis, même avec quelques modifications, la politique d’Alexandre-Latortue vis-à-vis des Gonaïves (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2009/06/haiti-gonaives-des-solutions-la-mesure.html). Actuellement, avec l’agrandissement de la rivière La Quinte dont la capacité est passée à plus de 1000 m3 /s, la reconstruction des ponts  au niveau de Pont Gaudin et de Mapou et les interventions même partielles au niveau du bassin versant (70,000 ha) dans le cadre de plusieurs programmes dont le Programme PIA-Ennery-Quinte financé par la BID, la problématique gonaïvienne est en voie de solution. Il reste certes beaucoup à faire. Si les efforts sont maintenus et intensifiés, on finira par solutionner définitivement le problème gonaïvien, toujours dans le cadre de ce mariage savant de la gestion de l’urgence et du développement.

Manifestations estudiantines, l’autre opération (?) et/ou Etat d’urgence environnementale (?)
En 2012, alors que le Gouvernement de Lamothe se bat pour trouver des fonds pour la mise en œuvre du programme post Sandy,  la réponse à Sandy, en dehors du gouvernement, semble s’acheminer vers des manifestations estudiantines de rues sous prétexte de réclamer justice pour leur camarade tué par un policier déjà mis aux arrêts par le Gouvernement avec promesse de le juger. Alors que veulent réellement les étudiants ? Sont-ils conscients de la situation actuelle de leur pays en matière environnementale ? Et Sur quelle opération, cette fois-ci, cela va-t-il déboucher, si on analyse au second degré les prises de position de certains parlementaires et de la plupart de nos politiciens ? En tout cas, pas sur ce « complot positif » tant rêvé par le grand naïf que je suis, pas sur « cette déclaration d’Etat d’urgence environnementale » discutée lors de la dernière réunion mensuelle de la FONHDILAC (11/11/2012) et débattue à l’émission  de « Mélodie and Company » du mardi 13/11/2012 entre 5.30-7h PM, animée par Bernard Ethéart sur Mélodie FM! Sommes-nous vraiment trop petits pour oser envisager nous-mêmes la manière de sauver notre pays ?

La réponse gouvernementale et le ministère de l’agriculture
Haïti essaie de se relever difficilement. L’Etat, par l’intermédiaire du Premier Ministre Lamothe, a estimé à 750 M USD les dommages causés par l’Ouragan Sandy. Par rapport à la sécheresse et au passage d’Isaac et de Sandy, les pertes au niveau du secteur agricole sont estimés à environ 400 M USD par le secrétaire d’Etat Dorcin  lors du dernier conseil de gouvernement (14 Novembre 2012). Le Gouvernement a déclaré l’Etat d’urgence pour un mois et mis sur pied un programme autour de trois ministères, le ministère de l’Environnement (MDE), le ministère des Travaux Publics, transports et Communication (MTPTC) et le ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR). Le MARNDR a présenté  un programme de réponse post Sandy de 4 Mrds de HTG dont le financement n’est que partiellement assuré, la communauté internationale tarde à répondre au « flash appeal » lancé par la FAO et le MARNDR. Ce programme d’urgence post-Sandy est imbriqué dans un programme triennal plus large de relance agricole de 62 Mrds de HTG (2012-2015). Sera-ce une fois de plus un mariage savant de l’urgence et du développement comme aux Gonaïves ? En tout cas, la solution actuelle au problème du pays haïtien passe par trois piliers fondamentaux.

Les piliers Fondamentaux du développent national
En Haïti, tout est prioritaire à cause de la vulnérabilité, de la pauvreté et de l’extrême pauvreté du pays, la santé, l’éducation, l’infrastructure, l’économie, etc. Les trois piliers prioritaires pour amorcer le développement d’Haïti demeurent,  à mon avis, la sécurité, l’environnement et la population. Analysons la situation eu égard à ces piliers.

(i)                 La Sécurité
Après 1986, le phénomène d’insécurité a pris de l’ampleur. Du banditisme d’Etat, l’insécurité est passée aux mains des groupes organisés et armés, des réseaux de malfaiteurs. Ce qui a favorisé l’évolution du phénomène  d’insécurité du simple banditisme en kidnapping bien sophistiqué, et tous autres phénomènes désagréables et connexes confrontés par le pays haïtien actuellement. A partir de 2004, le phénomène va s’aggraver avec « l’opération Bagdad » jusqu’à devenir un phénomène de société. Depuis, l’insécurité se conjugue au quotidien, fait beaucoup de dégâts au pays et à la société haïtienne et ralentit les investissements en Haïti. Le développement d’Haïti passe par la mise en place d’un système de sécurité performant. Ce système de sécurité doit prendre en compte l’ensemble des aspects de la sécurité et se baser sur des politiques publiques permettant le contrôle des moindres parcelles du territoire national. Il faudrait un consensus national sur cette question, un « complot positif » contre l’insécurité sous toutes ses formes y incluse l’insécurité environnementale.

(ii)               L’environnement
L’ensemble des bassins versants méritent d’être réhabilités. La vulnérabilité environnementale est à la base des inondations fréquentes qui font des ravages au pays à la moindre averse. Avec moins de 2% de couverture forestière primaire en particulier au niveau des châteaux d’eau et plus de 25% de couverture végétale plus qu’au niveau des plaines qu’au niveau des mornes, Haïti est dans une situation très critique du point de vue environnemental. La position d’Haïti sur la route des cyclones et sur des failles techtoniques nécessite des politiques publiques environnementales y afférentes et susceptibles de favoriser une amélioration de la situation environnementale du pays dans les trois (3) à cinq (5) prochaines années et au delà. La réhabilitation de l’environnement haïtien doit se faire dans le cadre d’une « déclaration d’état d’urgence environnementale » à prendre  par le gouvernement Martelly-Lamothe avec l’appui inconditionnel de l’ensemble des forces vives de la nation haïtienne. Il faudra viser haut : la récupération de 25% de la couverture végétale du pays durant les 25 prochaines années, et ce dans le cadre d’une politique de population bien pensée et appliquée de manière rigoureuse.

(iii)             La population
Avec plus de 10 M d’individus actuellement sur nos 27750 km2 en 2012, il nous faudra deux choses (i) une révolution des taux de croissance économique autour de 10%/an et plus (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/05/haiti-necessite-dune-revolution-de.html) , et (ii) une réduction du taux de croissance de la population autour de 1%/an et moins, durant les 25 prochaines années. Ce qui nous conduira à une augmentation de 25% de la population pour 250% d’augmentation de croissance économique, une réduction drastique de la pauvreté extrême et de la pauvreté tout court, et une marche ascensionnelle et irréversible vers le développement intégral de notre pays.

En conclusion : Ainsi, avec un plan de développement très sérieux axé sur l’humain, le social/culturel, l’environnemental, l’économique/financier et la politique/gouvernance (Réf. http://jrjean-noel.blogspot.com/2011/08/document-dorientation-pour-la.html), on a de fortes chances d’atteindre un niveau de développement équivalent à celui  d’un pays émergent, même sur une période plus longue. Pour cela, il nous faudra contrôler notre sécurité, notre environnement et notre population, et marier savamment urgence et développement. Pour un gouvernement haïtien dans le cadre d’un mandat de 5 ans, c’est difficile sinon impossible. Pour l’Etat et la nation haïtienne unis autour d’un rêve de grandeur (tous ensemble sans exclusive sur une période de 25 à 50 ans avec des gouvernements successifs appliquant le même plan par tranche de 5 ans), c’est un jeu d’enfant. Et c’est là que ça se complique. N’ai-je pas raison ? Commençons par nous mettre d’accord sur les 3 piliers fondamentaux du développement national. Pour le reste, on verra plus tard. N’est-ce pas un bon deal entre nous ?

vendredi 1 juin 2018

L’ARTICULATION DE TROIS (3) PROCESSUS EN LIEN AVEC LA SECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE (SAN) POUR LE DEVELOPPEMENT D’HAITI



L’ARTICULATION DE TROIS (3) PROCESSUS EN LIEN AVEC LA SECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE (SAN) POUR LE DEVELOPPEMENT D’HAITI
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 MAI 2018

Aujourd’hui c’est l’ouverture dans l’aire du champ  de Mars de la 24e  édition du Livres en folie. C’est un moment de folie pour Haïti, les 159 auteurs sont là pour signer les livres, les acheteurs aussi ont le choix sur les 1828 titres. C’est une ambiance bon enfant, caractérisée par le sourire de l’haïtien, la familiarité, la culture haïtienne dans tous les genres : le roman, la poésie, l’histoire, les essais, l’audience, etc. Cette dernière journée du mois est la bienvenue après un mois de mai plutôt mouvementé par des poches de manifestations anti-gouvernementales sous couvert de revendications pour la réparation de routes (Cité Soleil et zones de Frère, Pétionville), pour l’augmentation de salaire minimum (SONAPI), pour la disparition présumée du Maire de l’Estère, retourné heureusement au bercail depuis, pour l’inondation de certaines zones à partir des premières pluies de Mai 2018 (Petit-Goâve, zone de Rivière Barette). L’arrêté présidentiel relatif à la police Nationale d’Haïti (PNH), qui exige « l’approbation du Conseil supérieur de la Police Nationale (CSPN) » en lieu et place du « simple avis du CSPN» prévu par la loi, a suscité beaucoup de débats ; certains y voient une tentative de l’administration de « politiser la PNH » et parlent « de velléités dictatoriales ». Egalement, le voyage du Président Jovenel Moise à Taiwan, dont le momentum serait « mal choisi » vu que la République Dominicaine et Burkina Faso viennent de lâcher Taiwan au profit de la Grande Chine. L’augmentation prochaine du prix du carburant fait aussi objet de débats.  Sans commenter ces faits d’actualité qui ont marqué le mois de Mai 2018 et qui traduisent un malaise par rapport à la situation globale du pays, il m’est venu l’idée, après des discussions avec le coordonnateur de la CNSA[1], de vous entretenir sur les processus en lien avec la Sécurité alimentaire et nutritionnelle (SAN).

Les processus de la SAN

Actuellement, Haïti entre dans la phase de boucler trois processus en lien avec la SAN : (i) L’actualisation du plan national de Sécurité Alimentaire (PNSAN) décliné en 10 plans départementaux (PDSAN), (ii) l’élaboration de la politique et stratégie nationales de souveraineté, de sécurité alimentaire et de nutrition en Haïti (PSNSSANH), (iii) le processus d’inscription des actions sectorielles de la caravane dans le budget 2018-2019 et dans le budget triennal 2019-2022 après la validation des plans d’action départementaux tant au niveau des départements[2] qu’au niveau du gouvernement[3]. Les trois processus, qui s’alignent sur le Plan Stratégique de développement d’Haïti (PSDH) dont la vision est de « faire d’Haïti un pays émergent à l’horizon 2030 », contribueront nécessairement, si mis en œuvre correctement, à cette finalité et aussi à « un taux de souveraineté alimentaire de 88% ».

Définitions des concepts, Rappel Historique et Contenu

Dans cette partie, le lecteur est invité à prendre connaissance des définitions ou à se les rappeler. Il sera procédé également  à un rappel historique de ces trois processus et à une mise en exergue de certains éléments de contenu, susceptibles d’éclairer davantage le lecteur et de le mettre dans le bain de ce qui se fait actuellement au pays en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle (SAN), en se référant aux documents appropriés pour les définitions et les éléments de contenu.

Définitions des concepts

En 1996, il a été adopté la définition suivante pour la sécurité alimentaire :
« La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. La sécurité alimentaire a quatre piliers ; disponibilité, accès, utilisation et stabilité[4] »

Quant à la sécurité nutritionnelle, elle se définit comme suit :
« La sécurité nutritionnelle peut être définie comme un état nutritionnel adéquat, en termes de protéines, d’énergie, de vitamines et de minéraux, de l’ensemble des membres du ménage, et ce à tout moment [5]».

Concernant la Souveraineté alimentaire, les définitions suivantes ont été adoptées :
« La souveraineté alimentaire est le droit des peuples de définir leurs propres politiques en matière d’alimentation et d’agriculture, de protéger et de réglementer la production et le commerce agricoles intérieurs afin de réaliser leurs objectifs de développement durable, de déterminer dans quelle mesure ils veulent être autonomes [et] de limiter le dumping des produits sur leurs marchés[6] »

La PSNSSANH a adapté cette définition :« Le droit des peuples à définir leurs propres politiques et stratégies durables pour la production, la distribution et la consommation d'aliments et de réglementer la production et le commerce agricoles intérieurs qui garantissent le droit à l'alimentation en faveur de toute la population, en se basant sur la moyenne et la petite production, respectant leurs propres cultures et la diversité des pratiques paysannes de production agricole, de commercialisation et de gestion des espaces ruraux, dans lequel la femme joue un rôIe fondamental. La souveraineté alimentaire garantit la sécurité alimentaire et nutritionnelle[7] ».

« La Caravane du changement se veut une stratégie transformatrice tant de l’État que de la société haïtienne. Elle vise donc à mobiliser les forces vives d’Haïti pour transformer les rapports sociaux historiques et aboutir au développement endogène et durable de notre pays. [8]». « Elle ambitionne de favoriser l’imbrication intra-sectorielle des actions, leur articulation intersectorielle dans le cadre de l’action gouvernementale afin de maximiser leurs effets et impacts sur la qualité de vie du peuple haïtien ».

Rappel Historique et Contenu

PNSAN. 1996-2018
Une première version du Plan National de Sécurité Alimentaire  (PNSA) a été élaborée en 1996 juste avant le Sommet mondial sur l’alimentation. Une autre version,  visualisée comme une actualisation du Plan National de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNSAN),  a vu le jour en 2010 après le tremblement de terre  et est perçue comme « un mécanisme d’implémentation des choix  des politiques nationales pour le développement économique et social,  inscrits dans le Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP). Il rejoint les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), surtout celui visant de réduire de moitié jusqu’à l’horizon 2015 le nombre de personnes souffrant de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. Cet objectif est repris et adapté par le GRULAC à travers le GT-2025 qui prône : « l’éradication de la faim dans la Région Amérique Latine et Caraïbes  en 2025 »  C’est un défi majeur pour tous les gouvernements, en particulier ceux en situation de sous-développement et classés parmi les PMA comme Haïti[9].

Actuellement, le PNSAN est en phase de réactualisation. Ce processus est en cours depuis 2015. Il est articulé, à partir d’une démarche participative et inclusive axée, entre autres, sur un principe directeur, «  la production nationale d’abord », partant des communes en passant par les départements jusqu’au niveau national, autour de 3 catégories de documents, les plans communaux (PCSAN), les plans départementaux (PDSAN) et le plan nationale (PNSAN). Ce qui devrait se traduire par 30 plans communaux, 10 plans départementaux et un plan national. Malheureusement, on devrait se contenter de quelques plans communaux faute de temps, des 10 plans départementaux et du plan national. Le mois de juin devrait couronner la fin du processus d’élaboration et de validation.

PSNSSANH. 2012-2018- Le présent document de PSNSSANH est le fruit de plusieurs années de travail. Le processus a débuté en 2012 lors de la création d’une Commission gouvernementale de stabilisation des prix alimentaires, suite à l’ouragan Sandy, ayant pour mission de stabiliser les prix de 5 produits alimentaires de base[10]. En 2013, la Commission a statué sur la nécessité d’élaborer un document de politique publique ayant pour objectif de définir les dispositions à mettre en place pour éliminer, progressivement, le déficit d’offre nationale des produits agricoles. Dans ce contexte, trois assises régionales (nord, sud et ouest) ont été organisées entre mai et juin 2013. Ces assises ont permis d’identifier un ensemble de mesures devant constituer le socle d’une politique publique de souveraineté et de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Capitalisant sur les résultats de ces assises, une consultation a été commanditée par le Conseil de Développement Economique et Social (CDES), sous l’égide de la Primature, en vue de produire le document de politique. Dans ce cadre, une Task Force, présidée par la Primature, a été mise en place afin de piloter une large consultation des institutions nationales. Ces travaux ont dû être suspendus, durant une année, suite au passage de l’ouragan Mathew, le 4 octobre 2016. Lors de cette première phase du processus, le CDES a toutefois produit une première ébauche de document de politique[11].

La PSNSSANH, qui « est une condition sine qua none pour orienter la mise en œuvre d’interventions (mesures et Programmes Nationaux) à même de déverrouiller le potentiel économique et humain de la nation sur lesquels la vision d’un pays émergeant pourra être atteinte », tourne autour de 4 axes (i) Axe Politique traitant des questions de lenvironnement dans lequel évolue la souveraineté et sécurité alimentaires et la nutrition ; (ii) Axe Opérationnel, traitant « des biens et services dont la population a besoin, en temps normal et en situation d’urgence suite à un choc, pour l’atteinte de la souveraineté et sécurité alimentaires et la nutrition » ; (iii) Axe Institutionnel traitant « du renforcement des institutions et des capacités nationales nécessaire à la bonne mise en œuvre de la PSNSSANH », et (iv)  Axe  Transversal traitant « des questions transversales tels que laménagement du territoire, le genre et la résilience ».  

La mise en œuvre de la PSNSSANH nécessite la mise en branle d’une série de décisions : « (i) Rebalancer progressivement la dominance des politiques favorisant le commerce international en faveur de politiques visant à atteindre la souveraineté et la sécurité alimentaires et la nutrition ;  (ii) S’appuyer sur l’agriculture familiale et l’agro-industrie, comme secteur moteur de la relance de l'économie haïtienne et de l’élimination de la faim et la malnutrition ; (iii) Investir dans les filets sociaux ainsi que la disponibilité et l’accès aux services de base de qualité nécessaires à la sécurité nutritionnelle, afin que personne ne soit laissé de côté du développement socio-économique de la nation ; (iv) Renforcer les capacités nationales nécessaires à la bonne mise en œuvre de la PSNSSANH.

« La finalisation de la PSNSSANH a été accélérée par la nécessité d’institutionnaliser les actions SSAN de la Caravane du Changement et d’aligner ces actions sur les Objectifs de Développement Durables, en particulier l’ODD 2 « Faim Zéro ».

            Caravane du Changement.2017-2018

Les premiers documents de cette nouvelle stratégie innovante et globalisante  remontent à Mars 2017, Programme d’aménagement dans la Vallée de l’Artibonite, la première version de la note conceptuelle,  et l’opération coup de poing au niveau de la Vallée. Ce qui a permis le lancement des premières opérations dans le cadre de la caravane  le 1er Mai 2017 dans la Vallée de l'Artibonite. De cette date à aujourd’hui, il a été élaboré, entre autres, le document de synthèse des plans d’action départementaux. Actuellement la caravane, dont le premier objectif se formule ainsi : « Réaliser les actions visant la refondation de l’Haïti de demain, plus équitable, fondée sur le droit, le partage, la solidarité, l'éducation, le respect de l'environnement et le culte du bien commun, avec accent particulier sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans ses quatre (4) dimensions, disponibilité, accessibilité, sécurité alimentaire et nutritionnelle et stabilité », s’étend sur l’ensemble du pays à partir d’une approche multisectorielle basée sur l’utilisation des directions déconcentrées et décentralisés des secteurs. Les 17 axes d’intervention sont en harmonie partiellement avec la PSNSSANH et englobent les axes d’intervention retenus dans les PDSAN départementaux.

« En tant que stratégie, elle prend forme et se renforce au fur et à mesure qu’elle se développe. Tout en étant ferme dans ce qui définit ses objectifs, elle reste flexible et souple dans la mise en place de ses moyens d’action, car elle peut éveiller des consciences, elle peut contribuer à redéfinir les besoins et, élargir la distance entre les moyens et les aspirations qu’elle aura elle-même créées, tous les groupes d’une société n’évoluant pas au même rythme[12] ».

L’articulation des trois processus de la SAN

Les trois processus évoqués plus haut ont démarré à des dates différentes. Au départ en 1996, le PNSAN, qui s’était aligné au document stratégique de l’Etat en vigueur à l’époque, s’est vite collé au document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSNCRP), qui va se transformer, après le tremblement de terre de 2010, en plan d’action pour le relèvement et le développement national d’Haïti (PARDNH) et en 2012 en plan stratégique de développement d’Haïti (PSDH) poursuivant l’objectif de faire d’Haïti un pays émergent  en 2030. Les deux autres processus, le PSNSSANH 2012 et la Caravane 2017, vont faire la même chose en s’alignant sur le PSDH, les ODD, les politiques et stratégies sectorielles, pour l’atteinte de cette vision de pays émergent. Avec le mot d’ordre de l’administration actuelle de « continuer, corriger et Innover[13] », il n’a pas été difficile d’articuler les trois processus. Ce qui fait que les actions entreprises dans l’un ou l’autre processus seront bénéfiques aux trois et à Haïti.

Toutefois, « L’atteinte de la vision du PSDH nécessite une rupture avec les politiques commerciales, le profil tarifaire et la politique budgétaire actuelles qui sont les sources mêmes de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition affectant la majorité de la population du pays », Selon la PSNSSANH. « D’un point de vue opérationnel, la PSNSSANH se traduit par 35 Mesures et 25 Programmes Nationaux, qui, si mis en œuvre de façon coordonnée et concertée sur l’ensemble du territoire, sont à même de permettre au pays d’atteindre les Objectifs du PSDH, du Développement Durable (ODD), de la souveraineté et sécurité alimentaires et de la nutrition ». D’où la nécessité d’une imbrication intra-sectorielle des actions d’urgence, de relèvement et de développement, de leur articulation intersectorielle et de leur intégration à l’action gouvernementale pour maximiser leurs effets et impacts sur la vie du peuple haïtien, comme l’ambitionne la caravane du changement.

Le principe de continuité de l’Etat et le développement d’Haïti

Au risque de nous répéter, ces trois processus, la PSNSSANH et le PNSAN en phase de validation, la Caravane du Changement en phase de mise en œuvre, avec les résultats encourageants déjà enregistrés, exécutés et à exécuter  dans le cadre d’une imbrication intra sectorielle des actions avec la participation de l’ensemble des acteurs d’un secteur, articulés d’un secteur à un autre  dans le cadre d’une bonne intégration à l’action gouvernementale, devraient grandement contribuer, selon le principe de continuité de l’Etat, comme cela a été le cas pour le barrage hydro électrique de Péligre, à l’émergence d’Haïti à l’horizon 2030 et à l’autosuffisance alimentaire avec un taux de souveraineté alimentaire de 88%.  Pour cela, les partis politiques qui aspirent à diriger le pays et ceux-là qui sont actuellement au pouvoir, devront placer l’intérêt national au premier plan et s’arranger, dans le cadre d’une grande concertation nationale[14] et selon toujours le principe de continuité de l’Etat, de continuer les actions de développement entreprises, de les corriger au besoin et d’aboutir à cette bonne gouvernance, la seule porte de sortie pour le développement du pays. Est-ce trop lourd pour les épaules des héritiers de Jean-Jacques Dessalines le Grand? Sommes-nous devenus trop nains par une sorte de dégénérescence mentale pour nous dépasser et refaire le Congrès de l’Arcahaie, cette fois-ci, pour gagner la bataille du développement et l’indépendance économique ?











[1] Commission National de Sécurité alimentaire
[2] Les plans d’action départementaux ont été l’objet de validation dans des séances organisées par les Délégués  appuyés par la cellule de pilotage de la caravane (La CASDA)
[3] Compte rendu la retraite gouvernementale 11-12 Mai 2018 organisée par le MPCE et  la CASDA-
[4] Sommet Mondial de l’Alimentation 1996
[5] IFPRI  (1995)
[6] Forum mondial sur la souveraineté alimentaire à Sélingué en 2007  
[7] PSNSSANH 2018
[8] Notre conceptuelle de la caravane du changement. Transformer l’Etat pour transformer la société- Version Avril 2018
[9] Réf. PNSAN 2010-2025 MARNDR 2010.
[10]  Riz, huile, farine, maïs, haricot.
[11]  CDES, 2016.
[12] Note conceptuelle de la Caravane du Changement. Version Avril 2018.
[13] Discours de campagne du Président Jovenel Moise.
[14] Pourquoi pas les Etats Généraux Sectoriels de la Nation (EGSN) ?

vendredi 1 septembre 2017

LA CREATION D’EMPLOIS TEMPORAIRES, UNE NECESSITE DE LA CONJONCTURE HAITIENNE ACTUELLE

LA CREATION D’EMPLOIS TEMPORAIRES, UNE NECESSITE  DE LA CONJONCTURE HAITIENNE ACTUELLE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 AOUT 2017     
Revu, corrigé et augmenté le 8 Septembre 2017

La conjoncture actuelle exige un changement de sujet par rapport aux trois derniers articles publiés ayant eu comme toile de fond la caravane du changement. L’article du mois d’Août, sans laisser de côté totalement la caravane du changement, se concentrera sur la  nécessité de la création d’emplois, en particulier l’emploi temporaire. Cet article se subdivise en deux grandes parties: les faits saillants du mois et la nécessite de la création d'emplois temporaires.

Les faits saillants du mois: l’émigration, le budget 2017-2018, la réouverture des classes, le scandale de la surfacturation...

Les jeunes haïtiens continuent de partir pour le Chili. Le journaliste Valery Numa est actuellement dans ce pays pour un documentaire sur les Haïtiens au Chili, estimés à 85000 personnes (110,000 suppose Le Nouvelliste sous la plume d'Etzer Emile, 36 M d'USD de transferts vers Haiti en 2016, 7.5 M pour le seul mois de mai 2017). Le titre du documentaire est « Chili à tout prix ». Ces jeunes partent à l’aventure à la recherche d’un emploi. Donald Trump fait peur avec son « America First ». Les haïtiens en situation illégale aux USA foncent vers le Canada par crainte d’être refoulés en Haïti par le milliardaire président. Avec le cyclone Harvey qui ravage le Texas et la Louisiane, la situation économique aux USA subit un coup dur et les haïtiens qui habitent ces états américains seront frappés de plein fouet, tandis que ceux-là qui vivent dans les autres états vont sentir les effets néfastes de ce cyclone sur l’économie américaine.

En Haïti, le budget de 144 milliards de gourdes (2.30 Mrds d’USD) est voté par la Chambre des députés. Ce budget est en phase d’analyse au Sénat. A ce niveau, les choses se corsent. Dans un budget il y a les prévisions de dépenses, il y a aussi les voies et moyens pour financer le budget. L’une de ces voies est la taxation. Le gouvernement actuel semble ne pas aller de main morte, mais la pression fiscale globale n'a pas tellement évolué (12.7% selon Pharel, Radio Vision 2000, Invité du jour 4/09/17), très faible par rapport au reste de la Caraïbe.

Pour une propriété bâtie  dont la valeur "locative" est supérieure à 200,000 G, il faudrait payer 10%, ce qui fait 20,000 G, si mon interprétation de la loi des finances est correcte. L'adjectif "locative" change totalement l'analyse de la version précédente de cet article. Je m’étais donc trompé et je demande à mes lecteurs de ne plus considérer la partie de la version précédente concernant la propriété bâtie.

En outre, il y a le débat sur l’impôt forfaitaire  sur le revenu de 10,000 G, exploité à merveille par l’opposition politique en travestissant la vérité pour les besoins de la cause. Il y a aussi :  La menace des greffiers de reprendre leur grève pour non-respect de la parole donnée par le ministère de la Justice et celle des juges en cas de non considérations salariales et autres en octobre 2017; l’accident d’un voilier reliant la grande terre à l’Ile de La Tortue dont le bilan est de « *6 morts, 9 disparus et 21 rescapés, selon le délégué départemental du Nord-Ouest, Owell Théock, rapporté par Radio Kiskeya ; l’éclipse solaire du 21 Août 2017, qui a été partielle sur Haïti et masquée au niveau de la zone métropolitaine par d’épais nuages et qui a considérablement ralenti les activités ce jour-là; la suspension par l’Exécutif du processus électoral en lien avec les élections indirectes, répondant ainsi et un peu tard à une résolution du Sénat publiée dans le Journal officiel, Le Moniteur ;  les préparatifs du gouvernement en vue de la réouverture des classes, le 4 septembre 2017, exprimés par le lancement au niveau de la zone métropolitaine des travaux de création d’emplois à haute intensité de main d’œuvre (HIMO) à travers les mairies , balayage de rues et ramassage d’ordures dont les effets favorisent une certaine amélioration de la situation sanitaire , les travaux de réparation des points à temps au niveau de plusieurs rues de la zone métropolitaine (Pétionville, Port-au-Prince, Delmas, Tabarre, etc.,) qui améliorent la circulation des véhicules, et le scandale de la surfacturation de kits  scolaires de 17 USD à 36 USD/unité, qui a forcé le gouvernement à mettre à pied le ministre des affaires sociales, Roosevelt  Bellevue, en attendant le résultat de l’enquête en cours sur cette affaire, et à le remplacer provisoirement par le Premier Ministre, Jack Guy Lafontant, celui-ci promet de « lutter contre la corruption ». C’est la Radio Scoop Fm qui a dénoncé cette affaire à partir d’une source du Palais National.

La création d'emplois temporaires

... éléments d’appréciation par rapport à la population et au secteur agricole à partir d'une journée de dialogue organisée par le Dr Paul Latortue 

Ce survol de la situation en Haïti nous ramène au sujet du jour, la création d’emplois. Mais, bien avant de nous y attarder,  essayons ensemble de regarder quelques éléments d’appréciation à partir des documents de base présentés par le CIRAD à « la Journée de dialogue organisée au siège de la BID par le Programme du Master of Business Administration, Université Notre-Dame d’Haïti » au siège de la BID, le 23 Aout 2017 (Dr Paul Latortue)

Graphe 1

Dans plusieurs articles publiés, j’ai insisté sur les piliers du développement de notre pays, la sécurité, l’environnement et la population[1]. Dans le graphe présenté plus haut (graphe 1) ,  il est pris en compte deux aspects l’environnement avec la question d’urbanisation sans industrialisation et la démographie. Avec le taux de croissance actuel de la population, si nous ne mettons pas en place une politique de population visant un taux de croissance inférieur ou égal à 1%, la population haïtienne en 2050 avoisinerait 14 millions d’habitants, l’urbanisation anarchique continuerait, l’environnement subirait les conséquences de la surpopulation, la sécurité du pays et des citoyens en partirait, le développement de notre pays serait compromis.

Graphe 2

Or actuellement la base de développement d’Haïti est le développement de l’agriculture, même si dans le graphe 2 ci-dessus, l’économie haïtienne se tertiairise alors que les PIB agricole et industriel se stabilisent. L’administration actuelle a fait le choix de l’agriculture comme la « locomotive de la croissance » et l’un des piliers du développement, tout au moins  dans le cadre de la stratégie de la caravane du changement.  Tant au niveau de l’Artibonite qu’au niveau de la Péninsule Sud, les actions prévues et réalisées sont essentiellement liées au secteur agricole et au domaine de l’environnement. Il faut noter aussi que l’emploi agricole représentait 57.2% en 2013 par rapport à l’emploi total dans le pays (Graphe 3 ci-dessous). L'agriculture demeure donc le premier pourvoyeur d’emplois du pays.

Graphe 3

Les emplois et la caravane du changement

Dans le cadre de la Caravane, il est prévu deux types d’opérations : une opération d’urgence ou coup de poing de 3 à 6 mois et une opération structurante durant tout le quinquennat. Dans les deux cas, il est prévu des emplois temporaires et durables. Lors de l’opération coup de poing, l’utilisation de l’approche haute intensité d’équipement (HIEQ) crée des emplois temporaires mais pas en quantité suffisante ; par contre l’approche haute intensité de main d’œuvre (HIMO) crée beaucoup d’emplois temporaires.

          Pour les emplois durables, pour chaque hectare de terre mis en valeur, il serait créé automatiquement 5 emplois au minimum.  Tout de suite, après le passage de la caravane dans la Vallée, les agriculteurs ont amplifié les travaux des champs. Selon les premières estimations faites sur la base d’une visite des lieux en Août 2017 sur  le grand périmètre de l’ODVA, la superficie emblavée en riz avoisinerait 30,000 ha[2]. Ce qui correspondrait à 150,000 emplois durables, sans tenir compte des emplois connexes au niveau des moulins qui décortiquent le riz paddy, la mise en sac, la commercialisation, le transport, etc.

Les travaux à haute intensité de main d’œuvre prévus dans le cadre du protocole d’accord avec la Fédération des associations d’irrigants de la Vallée (FASIVAL) pourraient créer jusqu’à 3000 personnes-mois de travail (P-M) . De même, les travaux HIMO liés aux activités des ministères, Agriculture, Environnement  , Travaux publics,  des services autonomes  (EPPLS/UCLBP, DINEPA) pourraient favoriser la création de plus de 50,000 personnes-mois de travail (P-M) dans la Péninsule Sud.  Il n’y a pas assez d’informations pour permettre une estimation des emplois créés à partir des travaux entrepris au niveau de la zone métropolitaine.


... et si on on utilisait une partie des 11 milliards de gourdes pour des emplois temporaires

En tout cas, ce qui est important de retenir, c’est que dans le cadre du budget 2017-2018, il y a un potentiel énorme de création d’emplois temporaires. Les critiques se font autour de 11 milliards de gourdes   consacrées aux « autres interventions publiques »,  ce qui représente 7.64% du budget. Depuis des années, il a été proposé aux gouvernements successifs de prévoir au moins 10% du budget pour créer des emplois temporaires répartis selon la distribution de la population comme c’était le cas dans le cadre du programme de création d’emplois (PCE 1993-1996) où la répartition était de 70% en milieu rural et 30% en milieu urbain. Durant cette période, il a été créé en moyenne plus de 40,000 emplois par mois dans le pays, à travers des  ONGs comme la PADF, le CECI, la CHF, la CARE-HAITI sous financements de l’USAID, de la BID, de la Banque Mondiale (BM).

Si on se basait sur le budget actuel de 144 milliards de gourdes, il faudrait 14.4 milliards de gourdes pour créer des emplois en milieu urbain (55%) et en milieu rural (45%), en fonction de la répartition approximative  actuelle de la population haïtienne. Ces emplois temporaires pourraient être créés dans l’irrigation, le drainage,  la réhabilitation/la construction de pistes rurales, de chemins muletiers, la réhabilitation de l’environnement,  les logements sociaux, la gestion des risques et désastres, la mise en place de pépinières, le traitement des littoraux, etc. La majorité de  ces cas de figure sont envisagés dans le manuel de mise en œuvre des travaux HIMO du ministère de l’agriculture.  Avec 10% du budget 2017-2018, il serait possible de créer plus de 860,000 P-M de travail durant un an, soit en moyenne 70,000 emplois par mois, renouvelables tous les trois (3) mois, ce qui ferait un total de 280,000 familles touchées à raison d'une personne par famille (paiement à la tache) .  Cette pratique, qui se ferait dans le cadre d'une organisation de chantiers très sérieuse et d'une gestion rigoureuse (éviter à tout prix le woy-woy), pourrait se répéter durant tout le quinquennat. De quoi  donner du travail à une partie de ce flot de jeunes qui abandonnent le pays et qui partent à l’aventure au péril de leur vie.

Il y a donc nécessité de créer des emplois temporaires dans le pays par cette administration durant tout le reste du quinquennat, surtout après le passage de Matthew ( Ouragan de catégorie 4, les 3-4 Octobre 2016) sur le grand sud et d'Irma (de catégorie 5, le 7 Septembre 2017) frôlant le grand nord du pays, avec des dégâts importants dans les deux cas, beaucoup plus dans le sud directement touché. Il y va de la stabilité du pays. Avec plus de 70,000 emplois temporaires, bien répartis à travers le pays et bien gérés pour éviter les cas de corruption dans des secteurs d’activités  intégrant l’action gouvernementale, il serait possible d’avoir la paix des rues, de soulager la situation de misère actuelle (un héritage des anciennes administrations) et de jeter les bases d’un développement endogène et durable de notre pays, tout en mettant sur pied une politique de population (taux de croissance < 1%) et une politique agressive de gestion environnementale et d’aménagement du territoire (déconcentration administrative et décentralisation) , avec, préalablement,   une maîtrise quasi parfaite de la question sécuritaire sur tout le territoire national. Soyons les capitaines de notre destin d'hommes libres et indépendants!




[2] Il faudrait faire survoler la Vallée par des drones pour confirmer ces estimations.