HAITI ET LE MONDE A LA CROISEE DES
CHEMIN (43) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE ET STAGNATION SUR LE TERRAIN,
LA GUERRE ISRAELO-HAMAS ; HAITI, LA MEME RANGAINE ET CETTE FOIS-CI GUERRE
CIVILE OU ENTENTE(?)
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 JANVIER 2024
Sur le plan international, l’année 2023 est
dominée par la guerre Russo-Ukrainienne avec ses dizaines de milliers de morts,
de blessés et de disparus, ses pertes matérielles et ses diverses conséquences
sur les deux pays et sur le monde. A partir d’octobre 2023, la Guerre Israélo-Hamas,
avec des pertes de tout genre, vient compliquer la situation au Moyen-Orient,
avec des risques d’escalades et leurs conséquences désastreuses sur le monde
entier. Ces deux guerres et d’autres poches de conflits qui mettent face à face
l’Occident et ses alliés ainsi que l’Est global avec la Russie et la Chine
comme leaders, sont en train, à la suite du Covid-19, de refaçonner le monde en
une multipolarité qui étend ses tentacules, avec en particulier des
répercussions sur l’Afrique et Haïti. Il faut souligner aussi la domination de
Trump sur l’actualité 2023 aux USA et la possibilité d’un nouveau duel Biden vs
Trump et ses répercutions éventuelles sur notre pays Haïti.
En Haïti , 2023, que j’espérais
être l’année de redémarrage d’Haïti[1]
sans aucune donnée objective, s’est achevée comme elle avait commencé dans la
confusion et l’incertitude, le kidnapping donc l’insécurité globale (I) ; les
sanctions internationales contre certaines personnalités politiques et économiques
sans suite au niveau national donc impunité (I), même si certains juges ont
émis des mandats par-ci par-là contre certaines personnalités plutôt politiques
fin d’année 23 et début 24 ; les multiples rencontres entre les
politiciens sous contrôle international soit en Haïti, soit à l’étranger, sans
aucun résultat, donc instabilité politique (I). Les trois (I) dominent la
situation Haïtienne. Cette situation très complexe, confuse et incertaine
pourrait déboucher sur une guerre civile en Haïti au cas où une entente entre
nous ne serait pas trouvée rapidement, ou encore une intervention de l’international
comme en 1915. D’où le titre de cet article : « HAITI ET LE MONDE A
LA CROISEE DES CHEMIN (43) ? LE MONDE, LA GUERRE EN UKRAINE ET STAGNATION
SUR LE TERRAIN, LA GUERRE ISRAELO-HAMAS ; HAITI, LA MEME RANGAINE ET CETTE
FOIS-CI GUERRE CIVILE OU ENTENTE(?) ».
I.
SITUATION AU NIVEAU
MONDIAL
Comme souligné à l’introduction
de cette 43e chronique, les trois grands événements qui ont dominé
en 2023 et qui persistent encore en début de 2024 demeurent (i) la guerre
Russo-Ukrainienne, (ii) la guerre Israélo-Hamas et (iii) la saga D. Trump avec très
probablement un nouveau duel Biden vs Trump. Il y a certes d’autres événements
comme ce qui se passe en Afrique (Mali, Burkina Faso et Niger). Essayons de
synthétiser ces trois événements.
1.1.
Guerre Russo-Ukrainienne
Le mois de février 2024 nous rappelle les deux années de guerre entre la Russie et l’Ukraine. La contre-offensive ukrainienne de l’été a échoué. Le pays qui est à l’offensive actuellement c’est la Russie, mais vraiment avec peu de gains importants de territoires. Depuis que la Russie s’est repliée sur le Donbass après avoir tenté vainement de prendre Kiev, la capitale de l’Ukraine, en 2022, la guerre d’attrition s’est concentrée au niveau de cette zone en grande partie dominée par elle depuis 2014. La Russie considère qu’une grande partie de ces territoires appartient désormais à la grande Russie. Les quatre (4) Oblasts Donets, Louhansk, Zaporijia et Kherson font partie intégrante de la Russie, sans compter la péninsule de Crimée annexée depuis 2014. Ce que conteste l’Ukraine. Donc la guerre fait toujours rage dans ces zones, en particulier dans le Donbass. Le front s’étend sur plus de 1000 km.
Au cours de l’année 2023,
en plus de la guerre d’attrition dans le Donbass, très consommatrice, d’hommes (+250,000),
de matériels (+15,000) et de ressources financières, les deux états utilisent
beaucoup de drones et de missiles balistiques (Russie). Les frappes à distance
de la Russie touchent toutes les parties de l’Ukraine avec des dégâts au niveau
des infrastructures militaires et surtout civiles, causant des pertes dans la
population civile ukrainienne. Fort souvent, les frappes russes visent délibérément
les infrastructures civiles pour mettre à genoux la population ukrainienne
surtout en Hiver, les privant d’eau potable, d’électricité, de services hospitaliers
et autres, sans compter les nombreuses pertes en vies humaines.
Ces derniers temps, l’Ukraine a agi de la même manière à Belgorod en Russie, ce qui n’est pas à son honneur. D’une manière générale, l’Ukraine vise les infrastructures militaires. Après avoir forcé la Russie à s’éloigner le plus loin possible au niveau de la Mer Noire (20 navires russes coulés depuis le 24 février 2022) et en Crimée à partir des drones navals et des missiles d’origine européennes et américaines et dans les territoires occupés, l’Ukraine utilise ses propres moyens pour frapper la Russie dans la profondeur à des distances de plus de 1000 km, détruisant des objectifs militaires, des infrastructures de stockage de munitions, de carburants, des infrastructures de transports, de la logistique, des infrastructures d’approvisionnements. Ce qui oblige la Russie à faire des détours plus longs pour approvisionner ses troupes dans les territoires occupés. Malgré tout en matière de munitions, l’économie de guerre a permis à la Russie d’avoir beaucoup plus de disponibilités en termes de munitions et de matériels militaires et grâce aussi à l’aide de certains alliés comme la Corée du Nord et l’Iran.
Contrairement à l’Ukraine qui a vu ses
ressources diminuer à cause de manque de moyens mis à disposition par les occidentaux.
Les Républicains sont réticents à accorder des crédits à l’Ukraine tandis que
Victor Urban de la Hongrie, ami personnel de Poutine, a longtemps empêché l’Union
Européenne de décaisser 50 milliards d’Euros pour l’Ukraine jusqu’à récemment
encore. Les F16 promis à l’Ukraine par l'Occident arrivent à compte-gouttes. Heureusement que
la France commence à envoyer certains missiles de précision comme le SCALP, l’équivalent
du STORM SHADOW britannique. En tout cas, ce qui est en train de se mettre en place montre clairement que cette guerre va encore durer longtemps.
1.2.
Guerre Israélo-Hamas
L’autre guerre qui occulte
celle de l’Ukraine c’est la guerre Israélo Ukrainienne. C’est une guerre
terrible. C’est vrai que le Hamas a attaqué les personnes sans défense et a tué
et pris en otage 1500 Israélien, la riposte d’Israël est à mon avis un peu démesurée,
plus de 25,000 morts dont des enfants dans la population palestinienne en 4
mois de guerre et ça continue. La destruction d’une bonne partie de Gaza City
et de la Bande de Gaza en général où vivent plus de 2 millions de palestiniens.
Comme je l’ai dit dans une vidéo, de victime Israël est devenu bourreau.
Emu dans un premier temps
pour les Israéliens, le monde est en train de changer de camp, ce qui a donné
lieu à des manifestations anti-israéliennes dans plusieurs grandes villes du
monde et même aux USA. Le premier ministre d’Israël refuse un cessez le feu réclamé
par la majorité du monde. L’Afrique du Sud a même porté plainte au Tribunal
International contre Israël, ce pays victime de génocide durant la 2e
guerre mondiale est à son tour accusé de génocide par un pays avec lequel il a de
bons rapports commerciaux et autres. Il est vrai aussi que l’Afrique du Sud, ce
pays ami aussi de la Russie dans le cadre des BRICS, n'a pas levé le petit doigt
quand la Russie a été accusée de génocide dans sa guerre sale contre l’Ukraine.
Cette guerre a des conséquences
très désastreuses sur le monde, sur le commerce mondial en particulier. En effet, les Houtis
du Yémen, sous contrôle uranien, attaquent les navires marchands qui traversent
la Mer Rouge avant de franchir le Canal de Suez. Ce qui oblige la plupart d’entre
eux à éviter cet itinéraire dangereux (baisse de 45% du commerce mondial) pour aller contourner l'Afrique jusqu’en bas
(Afrique du Sud) avant de remonter l’Océan Atlantique vers l’Afrique du Nord et
la Méditerranée. Ce parcours fait perdre beaucoup de temps et d’argent.
De plus, l’occident est
obligé de prendre des mesures drastiques contre « ces terroristes »
dont des frappes ciblées américaines et britanniques sur des bases au Yémen. Une
base américaine située en Jordanie à la frontière avec la Syrie a été attaquée
avec des drones, tuant 3 jeunes soldats américains et blessant une vingtaine d’autres.
Biden a nommément accusé l’Iran et promet une réponse. Il y a donc risques d’escalades.
Et notre cher ami Trump en a profité pour accuser Biden de faible.
1.3.
2024, Elections
américaines, un probable duel des gérontes Biden vs Trump
Trump a occupé tout l’espace
médiatique américain durant toute l’année 2023 et en ce début d’année 24. Il a
beaucoup de démêlés avec la justice. Il est inculpé dans plusieurs affaires et
est condamné récemment à payer 83.3 millions de dollars dans une des affaires.
D’autres l’attendent au tournant. Pourtant, à chaque inculpation, il devient
plus populaire au point de gagner le caucus de l’IOWA et les primaires de New Hampshire
sans efforts et rallier derrière lui presque tous les autres candidats, sauf une,
Nikki Haley. Il ne lui reste qu’à battre sa dernière adversaire pour obtenir l’investiture
républicaine. Un duel Biden vs Trump se défile de plus en plus à l’horizon. Une victoire de Trump risque une aggravation de la situation mondiale liée à son attitude autocratique
et de la situation haïtienne, ce « shithole Country », susceptible
avec d’autres pays « d’empoisonner le sang américain », selon Trump.
II.
SITUATION AU NIVEAU D’HAITI
Au cours de l’année 2023,
j’ai pleuré la disparition de deux êtres très chers, ma femme, Marie- Andrée F.
Jean-Noël (mai 2023) et ma sœur ainée, ma seconde mère, Marie-Rose J.N. Thermil
(juin 2023). Au début de cette année 2024 (18 janvier), c’était le tour de mon
très cher professeur de sociologie rurale, mentor, collaborateur et ami, Bernard
Ethéart, un patriote avec lequel j’ai mené, et aussi avec d’autres, le combat
pour le développement d’Haïti. Tous mes proches-là sont partis sans voir le
renouveau d’Haïti. Notre pays s’enfonce dans une sorte de catastrophe qui se renouvelle
encore plus grave à chaque fois, en particulier au cours de l’année de malédiction
de 2023 et l’année de la catastrophe annoncée de 2024. Heureusement, il y a
canal Massacre, canal de la dignité et de l’espoir qui, malgr
2.1.
Insécurité globale
Bien avant la
disparition du président assassiné crapuleusement, M. Jovenel Moïse, Haïti
était déjà dans un cycle infernal d’insécurité. Elle s’est aggravée depuis
juillet 2021 jusqu’à date. Ariel Henry qui gouverne le pays depuis, avec la
bénédiction de la communauté internationale, n’a jusqu’à présent respecté aucun
des points de son mandat, remanier la constitution, la mise en place d’un Conseil
électoral, l’organisation d’une consultation populaire sur la constitution et l’organisation
des élections générales, naturellement tout ceci en menant une lutte sans merci
contre l’insécurité pour ne pas dire contre le terrorisme. Au contraire, après plus de 30 mois au pouvoir,
il se perd dans des accords et désaccords qui ont exacerbé la situation d’insécurité,
au point que la zone métropolitaine de Port-au-Prince est à 80% sous le contrôle
des bandes armées qui sèment la terreur au niveau de cette zone et aussi au
niveau de l’Artibonite.
Une véritable tragédie
Ces bandes armées pillent,
kidnappent, violent, s’emparent des propriétés privées et surtout tuent la
population et les policiers pour le plaisir (+ 8000 morts et blessés selon l’ONU),
accaparent des bâtiments publics (50 commissariats), des institutions publiques
et privées (Palais de Justice, écoles, etc.). Plus de 200,000 habitants de la
zone métropolitaine sont sans abri et se retrouvent sur des places publiques ou
dans des institutions publiques, sans compter les habitants au niveau de la
plupart des villes du Bas-Artibonite. Ce qui poussent la plupart des Haïtiens à
s’installer dans d’autres régions plus calmes du pays, dans d’autres pays soit clandestinement,
soit dans le cadre du programme Biden (+90,000 personnes à date). On ne compte
pas les Haïtiens qui sont en République Dominicaine, dans les Antilles, en
Amérique Latine, en particulier ces derniers temps au Nicaragua et qui sont disparus en
mer ou dans des forêts denses de l’Amérique Latine, une véritable tragédie.
Fort souvent sous l’œil indifférent du gouvernement d’Ariel Henry et de ce qui
reste de la justice haïtienne.
2.2.
Impunité
Kiyès ki touye Lanperè
Il faut avouer que l’impunité
n’est pas l’apanage de ce gouvernement. C’est une constante de l’histoire
haïtienne. En effet, depuis l’assassinat crapuleux de l’Empereur Jean Jacques
Dessalines, le 17 octobre 1806, le fondateur d’Haïti, l’impunité s’est
installée dans le pays, Kiyès ki touye Lanperè (Qui a tué l’Empereur ?) se
répètent les Haïtiens jusqu’à date. Mais ces derniers temps, cette impunité apparait
au grand jour et prend de l’ampleur depuis l’assassinat de Jovenel Moïse, le 5e chef d'Etat assassiné dans le pays depuis 1806. Les gangs, disons plutot les terroristes agissent
en toute impunité. Ils se permettent de filmer leurs forfaits sachant que
personne ne peut leur demander de comptes. Ils font des menaces publiques et les mettent
à exécution.
Car la justice fait partie du système depuis 1806
Il faut préciser que ces
bandes armées ne sont pas un phénomène spontané. C’est tout un construit qui
remonte à des temps immémoriaux. Mais depuis le début du processus de
démocratisation à partir du départ de Jean Claude Duvalier (1986), elles sont
encouragées par l’appareil étatique à se mettre en place et agir pour le compte
des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir depuis. Il en a été de même
pour les oppositions politiques et divers secteurs des affaires dont les
secteurs obscurs de la drogue. La justice a dû fermer les yeux sur beaucoup de
cas de corruption, d’assassinat, de magouilles, etc. Car la justice fait partie
du système mis en place depuis 1806. Rappelons l’assassinat de l'Empereur, de Salnave et du grand
Journaliste Jean Léopold Dominique.
C’est le monde à l’envers
Regardons actuellement
comment est traité le dossier de Jovenel Moïse en Haïti. Alors que, sur le plan
international, aux USA, voyons l’orientation des condamnations des différentes
personnes tant haïtiennes qu’étrangères impliquées dans cet assassinat
crapuleux. Faisons la comparaison avec l’orientation que donne la justice
haïtienne. Elle vise surtout certains proches de la victime comme son chef de
la Police, certains anciens ministres, et sa femme Mme Martine Moïse, victime collatérale
de cet assassinat crapuleux avec un bras cassé qui a nécessité plusieurs interventions chirurgicales pour un
semblant de fonctionnement normal. Pourtant un mandat d’amener est émis à son
encontre par le juge instructeur, alors que certaines personnes du gouvernement
actuel dont les noms sont cités dans des rapports de la police judiciaire et
des organisations haïtiennes des droits de l’homme, du FBI et de la grande
presse américaine après des enquêtes minutieuses, et qui ont fait des menaces
directes contre l’ex-président, ne sont même pas inquiétées. C’est le monde à l’envers.
Cette orientation semble être beaucoup plus politique.
2.3.
Instabilité politique
C’est l’instabilité
politique qui a conduit à l’assassinat du président Moïse, avec l’implication
directe ou indirecte des oppositions politiques, des secteurs des affaires, de
la drogue, de l’internationale. C’est pourquoi on parle de crime transnational
impliquant au premier chef les Haïtiens, les Colombiens (commando), les USA et
la République Dominicaine. Jovenel Moïse s’est attaqué au système. Il en est
victime. Depuis 1986, le système haïtien
est très sérieusement ébranlé par la constitution de 1987 qui dispose de
beaucoup d’éléments positifs pour lui tordre le coup. En voulant le changer en
douceur, la constitution de 1987 a créé un déséquilibre en accordant trop de
pouvoir au Législatif par rapport aux deux autres entités de l’Etat, à savoir l’Exécutif
et le Judiciaire. Le système s’est donc réadapté par rapport à cette nouvelle
donne, en jouant à fond la carte parlementaire pour capturer l’Etat et
continuer ses magouilles et approfondir l’écart entre une élite corrompue et la
masse. Dans un article publié[2]
en pleine période de « pays lock » (2019), j’ai schématisé[3]
ce déséquilibre et proposé un système équilatéral avec une répartition égale
des trois pouvoirs d’Etat.
De la publication de cet article à date, la situation politique s’est considérablement dégradée surtout après l’assassinat du président Moïse et la prise de pouvoir par Ariel Henry tiré de l’opposition politique modérée et qui a fait alliance avec la branche de l’opposition radicale en la personne de Me André Michel, la principale figure de cette branche radicale de l’opposition qui a hérité en la personne de Ricard Pierre, l’homme qui a cassé, avec 3 autres sénateurs, les mobiliers du Sénat, le ministère de la planification, l’un des ministères-clé du pays. L’instabilité politique s’est traduite par une sorte d’inaction masquée par des négociations sans fin, favorisant la perpétuation de cette équipe au pouvoir et le règne grandissant de bandits armés.
Le phénomène « Bwakale » est donc étouffé
Comme le peuple souffre,
il a réagi contre les bandits par un phénomène appelé « Bwakale » où
il a entrepris d’éliminer de manière violente certains bandits.
Automatiquement, la communauté internationale et le gouvernement haïtien,
jusque-là indifférents au sort du peuple haïtien, la grande victime de ces
malfrats, s’offusquent et le gouvernement prend des mesures pour casser le mouvement.
Le phénomène « Bwakale » est donc étouffé. Et les bandits qui étaient
paniqués au point de chercher refuge dans certaines villes et villages de province,
ont repris confiance et ont continué leurs exactions contre le peuple.
Une véritable dictature sanguinaire des bandits
Entre temps, nos
politiciens indifférents au sort du peuple et la communauté internationale continuent
leur semblant de négociation pour une solution durable à l’haïtienne laissant le
champ libre aux bandits qui se pavanent en régnant sur des territoires qui s’agrandissent
tous les jours. Ils deviennent de plus en plus riches et s’octroient des
fonctions régaliennes de l’Etat comme percevoir des « taxes », décidant
quand et où intervenir et même du droit de vie ou de mort sur le peuple. Ils
ont établi une véritable dictature sanguinaire.
Tentative de paralysie du BSAP
Les Américains, pour une
raison ou une autre, ont relâché l’ex-sénateur élu (et privé de son mandat), Guy
Philippe après 6 ans dans leur geôle. Ce dernier aussitôt débarqué au pays a
changé la donne politique en se constituant en révolutionnaire et en catalyseur
des diverses parties prenantes anti Ariel Henry. Le Pouvoir pris de panique qui
plaçait en douceur ses pions au sein de l’administration, accélère le processus
en nommant des maires, des délégués au niveau des départements et arrondissements
prenant fait et cause pour Guy Philippe, révoque le directeur général des aires
protégées et intime l’ordre au BSAP, cette force dont la mission primaire est de
sécuriser les aires protégées mais qui s’est faite une popularité en se tenant en
face des forces dominicaines pour défendre la construction du canal Massacre
contestée par Luis Abinader, le président dominicain, et en prenant position
pour Guy Philippe.
2.4. Canal Massacre, « canal de la dignité et de l’espoir »
En septembre 2023, les habitants de Ouanaminthe et de Ferrier ont décidé de reprendre la construction du canal Massacre suspendu depuis l’assassinat du président Moïse. Malgré l’opposition du président Abinader qui a adopté vis-à-vis d’Haïti une série de mesures disproportionnées pour un simple canal de capacité de 1.5 m3/s. Ces mesures ont eu pour effets immédiats de galvaniser les Haïtiens qui se sont arrangés sans l’appui du gouvernement pour mener à bien la construction du canal.
Le canal devient
un enjeu politique
Actuellement, l’ouvrage de prise en rivière est pratiquement achevé. Les mesures adoptées par Abinader ont favorisé le renforcement d’une solidarité à toutes épreuves des Haïtiens autour du canal, qualifié de Canal de la dignité et de l’espoir. Au dernier moment, le gouvernement s’est manifesté pour apporter son appui dans la reconstruction du canal. Cet appui qui est d’ailleurs naturel, a fait polémique car la politique politicienne s’est mêlée de la question. Normalement, la construction de tous ouvrages de cette envergure relève exclusivement de l’Etat. Malheureusement, vu que ce gouvernement n’avait pris aucune mesure pour continuer la construction depuis plus de 2 ans, les paysans ont compris qu’ils étaient de leur devoir de prendre les choses en main.
Et c’est ce qu’ils ont fait et les politiciens se sont mêlés de la partie pour nuire au gouvernement en place déjà décrié. Le canal devient un enjeu politique. Et la plupart des politiciens de l’opposition ont payé de leur présence sur le canal, une petite visite par-ci, par-là, peut-être d’autres contributions (?). En tout cas, ce canal a forcé certains techniciens, profitant de l’engouement du canal, à proposer le montage d’un dossier sérieux pour Haïti et aussi pour l’agriculture. En tout cas, le canal nous redonne de l’espoir pour une autre Haïti, peut-être pas en 2024 mais pour plus tard sans faute.
III. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
L’année 2023, que j’ai qualifiée de l’année de redémarrage d’Haïti dans mon bilan 2022 et perspective 2023, s’est révélée une année catastrophique sur le plan personnel, pour Haïti et aussi pour le monde. Elle semble se prolonger en 2024 avec la disparition de mon très cher ami Bernard Ethéart, avec le 21e mois de la guerre Russo-Ukrainienne et le 4e mois de la guerre Israélo-Hamas, avec les dizaines de milliers de morts et de blessés dénombrés et les risques d’escalades au niveau mondial, et avec les milliers de morts et de blessés recensés et la catastrophe annoncée en Haïti pour l’année 2024.
En effet, au niveau mondial, les guerres Russo-Ukrainienne et Israélo-Hamas provoquent à elles deux plus de 250,000 morts et blessés, des pertes en matériels énormes chiffrés à des centaines de milliards de dollars américains, un réarmement mondial tous azimuts. On parle de course aux armements, la Russie parle d’économie de guerre, les budgets de défenses augmentent considérablement dans presque toutes les grandes et moyennes puissances mondiales au détriment de tout le reste. Le commerce international est très perturbé baisse de 45% au niveau de la Mer Rouge donc du Canal de Suez. L’économie mondiale va en subir les conséquences, ralentissement, inflation, insécurité globale, insécurité alimentaire, l’agriculture en paiera le prix, les démocraties mondiales seront affaiblies au profit des autocraties en favorisant la prise de pouvoir par des régimes autoritaires ou tout au moins à caractère autoritaire, ou encore avec basculement vers la droite comme en Pologne, en Suède, en Italie. L’année 2024 sera l’année de tous les dangers pour le monde et pour Haïti surtout avec la possible prise de pouvoir par Trump aux USA.
Chez nous en Haïti,
avec la domination de l’insécurité globale et ses répercussions sur l’ensemble
du pays, en termes d’aggravation de la longue crise politique, de la décroissance
de l’économie (-1.9%) pour la 5% année consécutive, de l’insécurité alimentaire
(50% de la population), Taux de change autour de 131.54 G pour 1 dollar, Taux d’inflation
élevé, l’année 2024 sera encore plus terrible par rapport à 2023. Car, si la
guerre civile annoncée devient réalité, alors là Haïti sera, peut-être, libérée
d’une certaine manière, mais à quel prix ? Ne serait-il pas mieux de s’entendre
pour une transition en douceur du pouvoir ? Alors Guerre civile ou Entente ?
A moins que cette fois-ci la communauté Internationale se mêle de la partie
pour nous aider réellement et non pour préserver ses intérêts mesquins vis-à-vis
de ce pays qui l’a forcée à modifier son système d’exploitation de l’homme par
l’homme. Attendons voir !