LA CREATION D’EMPLOIS TEMPORAIRES, UNE NECESSITE
DE LA CONJONCTURE HAITIENNE ACTUELLE
JEAN-ROBERT JEAN-NOEL
31 AOUT 2017
Revu, corrigé et augmenté le 8 Septembre 2017
La conjoncture actuelle exige un changement de sujet par rapport aux trois derniers articles publiés ayant eu comme toile de fond la caravane du changement. L’article du mois d’Août, sans laisser de côté totalement la caravane du changement, se concentrera sur la nécessité de la création d’emplois, en particulier l’emploi temporaire. Cet article se subdivise en deux grandes parties: les faits saillants du mois et la nécessite de la création d'emplois temporaires.
Les faits saillants du mois: l’émigration, le budget 2017-2018, la réouverture des classes, le scandale de la surfacturation...
Les jeunes haïtiens continuent de partir pour le Chili. Le journaliste Valery Numa est actuellement dans ce pays pour un documentaire sur les Haïtiens au Chili, estimés à 85000 personnes (110,000 suppose Le Nouvelliste sous la plume d'Etzer Emile, 36 M d'USD de transferts vers Haiti en 2016, 7.5 M pour le seul mois de mai 2017). Le titre du documentaire est « Chili à tout prix ». Ces jeunes partent à l’aventure à la recherche d’un emploi. Donald Trump fait peur avec son « America First ». Les haïtiens en situation illégale aux USA foncent vers le Canada par crainte d’être refoulés en Haïti par le milliardaire président. Avec le cyclone Harvey qui ravage le Texas et la Louisiane, la situation économique aux USA subit un coup dur et les haïtiens qui habitent ces états américains seront frappés de plein fouet, tandis que ceux-là qui vivent dans les autres états vont sentir les effets néfastes de ce cyclone sur l’économie américaine.
La conjoncture actuelle exige un changement de sujet par rapport aux trois derniers articles publiés ayant eu comme toile de fond la caravane du changement. L’article du mois d’Août, sans laisser de côté totalement la caravane du changement, se concentrera sur la nécessité de la création d’emplois, en particulier l’emploi temporaire. Cet article se subdivise en deux grandes parties: les faits saillants du mois et la nécessite de la création d'emplois temporaires.
Les faits saillants du mois: l’émigration, le budget 2017-2018, la réouverture des classes, le scandale de la surfacturation...
Les jeunes haïtiens continuent de partir pour le Chili. Le journaliste Valery Numa est actuellement dans ce pays pour un documentaire sur les Haïtiens au Chili, estimés à 85000 personnes (110,000 suppose Le Nouvelliste sous la plume d'Etzer Emile, 36 M d'USD de transferts vers Haiti en 2016, 7.5 M pour le seul mois de mai 2017). Le titre du documentaire est « Chili à tout prix ». Ces jeunes partent à l’aventure à la recherche d’un emploi. Donald Trump fait peur avec son « America First ». Les haïtiens en situation illégale aux USA foncent vers le Canada par crainte d’être refoulés en Haïti par le milliardaire président. Avec le cyclone Harvey qui ravage le Texas et la Louisiane, la situation économique aux USA subit un coup dur et les haïtiens qui habitent ces états américains seront frappés de plein fouet, tandis que ceux-là qui vivent dans les autres états vont sentir les effets néfastes de ce cyclone sur l’économie américaine.
En Haïti, le budget de 144 milliards de gourdes
(2.30 Mrds d’USD) est voté par la Chambre des députés. Ce
budget est en phase d’analyse au Sénat. A ce niveau, les choses se corsent.
Dans un budget il y a les prévisions de dépenses, il y a aussi les voies et
moyens pour financer le budget. L’une de ces voies est la taxation. Le
gouvernement actuel semble ne pas aller de main morte, mais la pression fiscale globale n'a pas tellement évolué (12.7% selon Pharel, Radio Vision 2000, Invité du jour 4/09/17), très faible par rapport au reste de la Caraïbe.
Pour une propriété bâtie dont la valeur "locative" est supérieure à 200,000 G, il faudrait payer 10%, ce qui fait 20,000 G, si mon interprétation de la loi des finances est correcte. L'adjectif "locative" change totalement l'analyse de la version précédente de cet article. Je m’étais donc trompé et je demande à mes lecteurs de ne plus considérer la partie de la version précédente concernant la propriété bâtie.
Pour une propriété bâtie dont la valeur "locative" est supérieure à 200,000 G, il faudrait payer 10%, ce qui fait 20,000 G, si mon interprétation de la loi des finances est correcte. L'adjectif "locative" change totalement l'analyse de la version précédente de cet article. Je m’étais donc trompé et je demande à mes lecteurs de ne plus considérer la partie de la version précédente concernant la propriété bâtie.
La création d'emplois temporaires
... éléments d’appréciation par rapport à la population et au secteur agricole à partir d'une journée de dialogue organisée par le Dr Paul Latortue
Ce survol de la situation en Haïti nous ramène au sujet du jour, la création d’emplois. Mais, bien avant de nous y attarder, essayons ensemble de regarder quelques éléments d’appréciation à partir des documents de base présentés par le CIRAD à « la Journée de dialogue organisée au siège de la BID par le Programme du Master of Business Administration, Université Notre-Dame d’Haïti » au siège de la BID, le 23 Aout 2017 (Dr Paul Latortue)
Graphe 1
... éléments d’appréciation par rapport à la population et au secteur agricole à partir d'une journée de dialogue organisée par le Dr Paul Latortue
Ce survol de la situation en Haïti nous ramène au sujet du jour, la création d’emplois. Mais, bien avant de nous y attarder, essayons ensemble de regarder quelques éléments d’appréciation à partir des documents de base présentés par le CIRAD à « la Journée de dialogue organisée au siège de la BID par le Programme du Master of Business Administration, Université Notre-Dame d’Haïti » au siège de la BID, le 23 Aout 2017 (Dr Paul Latortue)
Graphe 1
Graphe 2
Or actuellement la base de développement d’Haïti est
le développement de l’agriculture, même si dans le graphe 2 ci-dessus, l’économie
haïtienne se tertiairise alors que les PIB agricole et industriel se stabilisent. L’administration actuelle a fait le choix de l’agriculture
comme la « locomotive de la
croissance » et l’un des piliers du développement, tout au moins dans le cadre de la stratégie de la caravane
du changement. Tant au niveau de l’Artibonite
qu’au niveau de la Péninsule Sud, les actions prévues et réalisées sont essentiellement liées
au secteur agricole et au domaine de l’environnement. Il faut noter aussi que l’emploi
agricole représentait 57.2% en 2013 par rapport à l’emploi total dans le pays
(Graphe 3 ci-dessous). L'agriculture demeure donc le premier pourvoyeur d’emplois du pays.
Graphe 3
Graphe 3
Les emplois et la caravane du changement
Dans le cadre de la Caravane, il est prévu deux types d’opérations : une opération d’urgence ou coup de poing de 3 à 6 mois et une opération structurante durant tout le quinquennat. Dans les deux cas, il est prévu des emplois temporaires et durables. Lors de l’opération coup de poing, l’utilisation de l’approche haute intensité d’équipement (HIEQ) crée des emplois temporaires mais pas en quantité suffisante ; par contre l’approche haute intensité de main d’œuvre (HIMO) crée beaucoup d’emplois temporaires.
Dans le cadre de la Caravane, il est prévu deux types d’opérations : une opération d’urgence ou coup de poing de 3 à 6 mois et une opération structurante durant tout le quinquennat. Dans les deux cas, il est prévu des emplois temporaires et durables. Lors de l’opération coup de poing, l’utilisation de l’approche haute intensité d’équipement (HIEQ) crée des emplois temporaires mais pas en quantité suffisante ; par contre l’approche haute intensité de main d’œuvre (HIMO) crée beaucoup d’emplois temporaires.
Pour
les emplois durables, pour chaque hectare de terre mis en valeur, il serait
créé automatiquement 5 emplois au minimum.
Tout de suite, après le passage de la caravane dans la Vallée, les
agriculteurs ont amplifié les travaux des champs. Selon les premières
estimations faites sur la base d’une visite des lieux en Août 2017 sur le grand périmètre de l’ODVA, la superficie
emblavée en riz avoisinerait 30,000 ha[2].
Ce qui correspondrait à 150,000 emplois durables, sans tenir compte des emplois
connexes au niveau des moulins qui décortiquent le riz paddy, la mise en sac, la commercialisation, le transport, etc.
Les travaux à haute intensité de
main d’œuvre prévus dans le cadre du protocole d’accord avec la Fédération des
associations d’irrigants de la Vallée (FASIVAL) pourraient créer jusqu’à 3000
personnes-mois de travail (P-M) . De même, les travaux HIMO liés aux activités
des ministères, Agriculture, Environnement ,
Travaux publics, des services autonomes (EPPLS/UCLBP, DINEPA) pourraient favoriser la
création de plus de 50,000 personnes-mois de travail (P-M) dans la Péninsule
Sud. Il n’y a pas assez d’informations
pour permettre une estimation des emplois créés à partir des travaux entrepris
au niveau de la zone métropolitaine.
... et si on on utilisait une partie des 11 milliards de gourdes pour des emplois temporaires
En tout cas, ce qui est important de retenir, c’est que dans le cadre du budget 2017-2018, il y a un potentiel énorme de création d’emplois temporaires. Les critiques se font autour de 11 milliards de gourdes consacrées aux « autres interventions publiques », ce qui représente 7.64% du budget. Depuis des années, il a été proposé aux gouvernements successifs de prévoir au moins 10% du budget pour créer des emplois temporaires répartis selon la distribution de la population comme c’était le cas dans le cadre du programme de création d’emplois (PCE 1993-1996) où la répartition était de 70% en milieu rural et 30% en milieu urbain. Durant cette période, il a été créé en moyenne plus de 40,000 emplois par mois dans le pays, à travers des ONGs comme la PADF, le CECI, la CHF, la CARE-HAITI sous financements de l’USAID, de la BID, de la Banque Mondiale (BM).
... et si on on utilisait une partie des 11 milliards de gourdes pour des emplois temporaires
En tout cas, ce qui est important de retenir, c’est que dans le cadre du budget 2017-2018, il y a un potentiel énorme de création d’emplois temporaires. Les critiques se font autour de 11 milliards de gourdes consacrées aux « autres interventions publiques », ce qui représente 7.64% du budget. Depuis des années, il a été proposé aux gouvernements successifs de prévoir au moins 10% du budget pour créer des emplois temporaires répartis selon la distribution de la population comme c’était le cas dans le cadre du programme de création d’emplois (PCE 1993-1996) où la répartition était de 70% en milieu rural et 30% en milieu urbain. Durant cette période, il a été créé en moyenne plus de 40,000 emplois par mois dans le pays, à travers des ONGs comme la PADF, le CECI, la CHF, la CARE-HAITI sous financements de l’USAID, de la BID, de la Banque Mondiale (BM).
Si on se basait sur le budget actuel
de 144 milliards de gourdes, il faudrait 14.4 milliards de gourdes pour créer
des emplois en milieu urbain (55%) et en milieu rural (45%), en fonction de la
répartition approximative actuelle de la
population haïtienne. Ces emplois temporaires pourraient être créés dans l’irrigation,
le drainage, la réhabilitation/la
construction de pistes rurales, de chemins muletiers, la réhabilitation de l’environnement,
les logements sociaux, la gestion des risques
et désastres, la mise en place de pépinières, le traitement des littoraux, etc.
La majorité de ces cas de figure sont
envisagés dans le manuel de mise en œuvre des travaux HIMO du ministère de l’agriculture. Avec 10% du budget 2017-2018, il serait possible
de créer plus de 860,000 P-M de travail durant un an, soit en moyenne 70,000
emplois par mois, renouvelables tous les trois (3) mois, ce qui ferait un total de 280,000 familles touchées à raison d'une personne par famille (paiement à la tache) . Cette pratique, qui se ferait dans le cadre d'une organisation de chantiers très sérieuse et d'une gestion rigoureuse (éviter à tout prix le woy-woy), pourrait se répéter durant tout le quinquennat. De quoi donner du travail à une partie de ce flot de
jeunes qui abandonnent le pays et qui partent à l’aventure au péril de leur
vie.
Il y a donc nécessité de créer des
emplois temporaires dans le pays par cette administration durant tout le reste
du quinquennat, surtout après le passage de Matthew ( Ouragan de catégorie 4, les 3-4 Octobre 2016) sur le grand sud et d'Irma (de catégorie 5, le 7 Septembre 2017) frôlant le grand nord du pays, avec des dégâts importants dans les deux cas, beaucoup plus dans le sud directement touché. Il y va de la stabilité du pays. Avec plus de 70,000 emplois
temporaires, bien répartis à travers le pays et bien gérés pour éviter les cas
de corruption dans des secteurs d’activités intégrant l’action gouvernementale, il serait
possible d’avoir la paix des rues, de soulager la situation de misère actuelle (un héritage des anciennes administrations) et de jeter les bases d’un développement endogène et durable de notre pays, tout en mettant sur pied une politique de population (taux de croissance < 1%) et une politique agressive de gestion environnementale et d’aménagement du territoire (déconcentration administrative et décentralisation) , avec, préalablement, une maîtrise quasi parfaite de la question sécuritaire sur tout le territoire national. Soyons les capitaines de notre destin d'hommes libres et indépendants!